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& néceffaire à la génération, il le prit au contraire pour
une excroifïance accidentelle & parafite, à peu près,
d i t - i l , comme font fur les chênes les noix de galle,
les champignons , &c. M. L ittré , dont apparemment
la prévention pour le lÿftème des oeufs étoit encore plus
forte que celle de M. Duverney, prétendit non feulement
que les véficules étoient des oeufs, mais même il
alfura avoir reconnu dans l ’une de ces véficules, encore
adhérente & placée dans l’intérieur du tefticule, un foetus
bien formé, dans lequel il diftingua, d it- il, très-bien
la tête & le tronc, il en donna même les dimenfions ;
mais outre que cette merveille ne s’eft jamais offerte
qu’à fes yeux, & qu’aucun autre obfervateur n’a jamais
rien aperçu de fembiable, il fuffit de lire fon Mémoire
(année 17 0 1 ,pag. 1 1 1 ) pour reconnoître combien cette
obfervation eft douteufe. Par fon propre expofé on voit
que la matrice étoit fquirreufe & le tefticule entièrement
vicié, on voit que la véficule, ou l’oeuf qui contenoit le
prétendu foetus, étoit plus petit que d’autres véficules
ou oeufs qui ne contenoient rien, &c. auffi Valifnieri,
quoique partifàn, & partifan très - zélé du lÿftème des
oeufs, mais en même temps homme très-véridique, a-
t - il rappéllé cette obfervation de M. Littré & celles de
M. Duverney à un examen févère qu’elles n’étoient pas
en état de fiibir.
Une expérience fameufe en faveur des oeufs eft celle
de Nuck; il ouvrit une chienne trois jours après l ’accouplement,
il tira l’une des cornes de la matrice & la lia en
la ferrant dans fon milieu, en forte que la partie fupérieure
du conduit ne pouvoitplus avoir de communication avec
la partie inférieure, après quoi il remit cette corne de la
matrice à fa place & ferma la plaie, dont la chienne ne
parut être que légèrement incommodée : au bout de vingt-
un jours il ia r’ouvrit& il trouva deux foetus dans la partie
fupérieure, c ’èft-à-dire, entre le tefticule & la ligature, &
dans la partie inférieure de cette corne il n’y avoit aucun
foetus; dans l ’autre corne de la matrice qui n’avoit pas
été ferrée par. une ligature, il en trouva trois qui étoient
régulièrement difpofez, ce qui prouve, dit-il, que le foetus
ne vient pas delafemence du mâle, mais qu’au contraire
il exifte dans l ’oeuf de la femelle. On fent bien qu’en fup-
pofànt que cette expérience qui n’a été faite qu’une fois,
& fur laquelle par conféquent on ne doit pas trop compter,
en fuppofant, d is-je, que cette expérience fût toujours
fuivie du même effet, on ne ferait point, en droit d’en
conclurre que la fécondation fe fait dans l’ovaire , &
qu’il s’en détache des oeufs qui contiennent le foetus tout
formé ; elle prouverait feulement que le foetus peut fe
former dans les parties fupérieures des cornes de la matrice
, aufti-bien que dans les inférieures, & il paraît très-
naturel d’imaginer que la ligature comprimant & reffer-
rant les cornes de la matrice dans leur milieu, oblige les
liqueurs féminales qui font dans les parties inférieures, à
s’écouler au dehors, & détruit ainfi l ’ouvrage delà génération
dans ces parties inférieures.
V o ilà , à très - peu près, où en font demeurez les