i j4 H i s t o i r e Na t u r e l l e .
pas le pédicule de l’oeuf, mais aulïi il y a un million de
vers; dès-lors il n’y a plus qu’un à parier contre un que
le pédicule de l’oeuf fera enfilé par un de ces vers; &
lorfqu’ily efb une fois entré & qu’il s’eft logé dans l’oeuf,
un autre ne peut plus y entrer, parce que, difoient-ils,
le premier ver bouche entièrement le palfage, ou bien il
y a une Ibupape à l’entrée du pédicule qui peut jouer lorf-
que l ’oeuf n’eft pas abfolument plein, mais lorfque le ver
a achevé de remplir l ’oeuf, la foupape ne peut plus s’ouvrir
, quoique poulfée par un fécond ver ; cette foupape
d ’ailleurs eft fort bien imaginée, parce que s’il prend envie
au premier ver de relfortir de l’oeuf, elle s’oppofe à fon
départ, il eft obligé de relier & de fe transformer; le ver
fpermatique efl: alors le vrai foetus, la fubflance de l’oeuf
le nourrit, les membranes de cet oeuf lui fervent d’enveloppe,
& lorfque la nourriture contenue dans l’oeuf commence
à lui manquer, il s’applique à la peau intérieure
de la matrice & tire ainfi fa nourriture du fang de la mère,
jufqu’à ce que par fon poids & par l’augmentation de fes
forces il rompe enfin fes liens pour venir au monde.
Par ce lÿftème ce n’eft plus la première femme qui
renfermoit toutes les races paffées, préfentes & futures,
mais c’eft le premier homme qui en effet contenoit toute là
poftérité ; les germes préexiftans ne font plus des embryons
fans vie renfermez comme de petites ftatues dans des oeufs
contenus à l’infini les uns dans les autres, ce font de petits
animaux, de petits homoncules organifez & aéluellement
vivans, tous renfermez les uns dans les autres, auxquels il
manque rien, & qui deviennent des animaux parfaits &
des hommes par un fimple développement aidé d’une
transformation femblable à celle quelubiffentlesinfèétes
avant que d’arriver à leur état de perfection.
Comme ces deux fÿftèmes des vers fpermatiques &
des oeufs partagent aujourd’hui les Phyficiens,& que tous
ceux qui ont écrit nouvellement fur la génération , ont
adopté l ’une ou i’autre de ces opinions, il nous paraît
néceflaire de les examiner avec foin , & de faire voir que
non feulement elles font infuffifantes pour expliquer les
phénomènes de la génération , mais encore qu’elles font
appuyées fur des fuppofitions dénuées de toute vrai-fem-
blance.
Toutes les deux fuppofent le progrès à l’infini, qui,
comme nous l’avons d it, eft moins, une fuppofition rai-
fonnable qu’une illufion de l ’efprit; un ver Ijaermatique
eft plus de mille millions de fois pluspetit qu’un homme,
fi donc nous fuppofons que la grandeur de l’homme foit
prife pour l ’unité , la grandeur du ver fjiermatique ne
pourra être exprimée que par la fraction , 000' 0 0000 , c’eft-
à-dire, par un nombre de dix chiffres ; & comme l’homme
eft au ver fpermatique de la première génération en
même raifon que ce ver eft au ver fpermatique de la fécondé
génération , la grandeur, ou plûtôt la petitefle du
ver fpermatique de la fécondé génération, ne pourra être
exprimée que par un nombre compofé de dix-neuf chiffres,
& par la même raifon la petitefle du ver fpermatique de
la troifième génération ne pourra être exprimée que par
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