5 3 0 H i s t o i r e N a t u r e l l e
même ton , c ’eft fur-tout lorfqu’il eft fort élevé & très-
aigu ; quelquefois auffi il finit par un ton plus bas, c ’eft
ordinairement lorfque la force du cri eft modérée.
L e ris eft un fon entre-coupé fubitement & à plufieurs
reprifes par une forte de trémouffement qui eft marqué à
l ’extérieur par le mouvement du ventre qui s’élève 6c s’a-
baiffe précipitamment, quelquefois pour faciliter ce mouvement
on penche la poitrine & la tête en avant : la poitrine
fe refferre 6c refte immobile, les coins de la bouche
s’éloignent du côté des joues qui fe trouvent relferrées 6c
gonflées; l’air à chaque fois que le ventre s’abaiffe, fort
de la bouche avec bruit, 6c l’on entend un éclat de la voix
qui fe répète plufieurs fois de fuite, quelquefois fur le
même ton, d’autres fois fur des tons différens qui vont en
diminuant à chaque répétition.
Dans le ris immodéré 6c dans prefque toutes les paflïons
violentes les lèvres font fort ouvertes, mais dans des
mouvemens de l ’ame plus doux 6c plus tranquilles les
coins de la bouche s’éloignent fins qu’elle s’ouvre, les
joues fe gonflent, & dans quelques perfonnes il fe forme
fur chaque joue, à une petite diftance des coins de la bouche
, un léger enfoncement que l’on appelle la fo jfe tte ,
e ’eft un agrément qui fe joint aux grâces dont le foûris eft
ordinairement accompagné. L e foûris eft une marque de
bienveillance, d ’appiaudiffement 6c de fàtisfaélion intérieure,
c ’eft auffi une façon d’exprimerle mépris&lamoquerie,
mais dans ce foûris malin on ferre davantage les lèvres l’une
contre l’autre par un mouvement de la lèvre inférieure.
D E L’H O M M E. 531
Les joues font des parties uniformes qui n’ont par
elles-mêmes aucun mouvement, aucune exprelfion, fi
ce n’eft par la rougeur ou la pâleur qui les couvre involontairement
dans des paflïons différentes ; ces parties
forment le contour de la face & l ’union des traits , elles
contribuent plus à la beauté du vifage qu’à l ’expreffion
des paflïons, il en eft de même du menton, des oreilles
6c des temples.
On rougit dans la honte, la colère, l ’orgueil, la joie;
on pâlit dans la crainte, l’effroi 6c la triftefle ; cette altération
de la couleur du vifage eft abfolument involontaire,
elle manifefte l ’état de lame fans fon confentement; c ’eft
un effet du fentiment fur lequel la volonté n’a aucun empire,
elle peut commander à tout le refte , car un inftant
de réflexion fuffit pour qu’on puiffe arrêter les mouvemens
mufculaires du vifage dans les paflïons, & même
pour les changer; mais il n’eft paspoflïble d’empêcher le
changement de couleur, parce qu’il dépend d’un mouvement
du fàng occafïonné par l ’aélion du diaphragme qui
eft le principal organe du fentiment intérieur.
La tête en entier prend dans les paflïons, des pofïtions
& des mouvemens différens , elle eft abaiffée en avant
dans l ’humilité, la honte, la triftefle, penchée à côté dans
la langueur, la pitié, élevée dans l ’arrogance, droite.&
fixe dans l ’opiniâtreté ; la tête fait un mouvement en arrière
dans l’étonnement, & plufieurs mouvemens réitérez
de côté 6c d’autre dans le mépris, la moquerie, la colère
âc l ’indignation.
X x x ij