fenfation ; ici il fe fait un effort violent & douloureux qui
eft accompagné de pleurs & de cris, & qui a quelquefois
des fuites fiicheufes ; les enfans perdent d’abord leur gaieté
&leur enjouement, on les voit triftes & inquiets, alors
leur gencive eft rouge & gonflée, & enfuite elle blanchit
lorfque la preflion eft au point d’intercepter le cours du
fàng dans les vaiffeaux ; ils y portent le doigt à tout moment
pour tâcher d’appaiferla démangeaifon qu’ils yref-
fentent; on leur facilite ce petit foulagement en mettant
au bout de leur hochet un morceau d’ivoire ou de corail,
ou de quelqueautre corps dur& poli ; ils le portentd’eux-
mêmes à leur bouche, & ils le ferrent entre les gencives à
l’endroit douloureux : cet effort oppofé à celui de la dent,
relâche la gencive & calme la douleur pour un inftant, il
contribue auffi à l ’aminciffement de la membrane de la
gencive, qui étant preflee des deux côtés à la fois, doit
fe rompre plus aifément, mais fouvent cette rupture ne fe
fait qu’avec beaucoup de peine & de danger. La Nature
s’oppofe à elle-même fes propres forces; lorfque les gencives
font plus fermes qu’à l’ordinaire par la fblidité des
fibres dont elles font tiffues, elles réfiftent plus long-temps
à la preflion de la dent,alors l’effort eft fi grand de part
& d’autre qu’il caufè une inflammation accompagnée de
tous fes fymptômes, ce qui eft, comme on le fçait, capable
de caufer la mort ; pour prévenir ces accidens
on a recours à l’a rt, on coupe la gencive fur la dent, au
moyen de cette petite opération la tenfion & l ’inflammation
de la gencive ceffent, & la dent trouve un libre paffage.
Les dents canines font à côté des incifives au nombre
de quatre, elles fortent ordinairement dans le neuvième
ou le dixième mois. Sur la fin de la première ou dans le
courant de la fécondé année, on voit paroître feize autres
dents que l’on appelle molaires ou mâchelières, quatre à
côté de chacune des canines. Ces termes pour la fbrtie
des dents, varient; on prétend que celles de la mâchoire
fuperieure paroiffent ordinairement plutôt, cependant il
arrive auffi quelquefois qu’elles fortent plus tard que celles
de la mâchoire inférieure.
Les dents incifives, les canines & les quatre premières
mâchelières tombent naturellement dans la cinquième, la
fixième ou la feptième année, mais elles font remplacées
par d autres qui paroiffent dans la feptième année, fouvent
plus tard, & quelquefois elles ne fortent qu’à l ’âge de
puberté ; la chute de ces feize dents eft caufée par le.
développement d’un fécond germe placé au fond de
l ’alvéole, qui en croiffant les pouffe au dehors ; ce germe
manque aux autres mâchelières , auffi ne tombent - elles
que par accident, & leur perte n’eft prefque jamais réparée.
II y a encore quatre autres dents qui font placées à
chacune des deux extrémités.des mâchoires; ces dents
manquent à plufieurs perfonnes, leur développement eft
plus tardif que celui des autres dents, il ne fe fait ordinairement
qu’à l ’âge de puberté, & quelquefois dans un
âge beaucoup plus avancé, on les a nommées dents de
fagefe; elles paroiffent fucceffivement l’une après l’autre
ou deux en même temps, indifféremment en haut ou en
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