des enfans n’eft pas à beaucoup près aulfi grande par-tout,
qu’elle l ’elt à Londres ; car M. Dupré de S. Maur s’elt afi-
furé par un grand nombre d’obfervations faites en France,
qu’il faut fept ou huit années pour que la moitié des en-
fans nez en même temps l'oit éteinte ; on peut donc parier
en ce pays qu’un enfant qui vient de naître, vivra fept ou
huit ans. Lorfque l’enfant a atteint l’âge de cinq , fix ou
fept ans , il paraît par ces mêmes obfervations que la vie
elt pl US alTui •ée qu’à tout autre âge , car on peut parier
pour quarante-deux ans de vie de plus, au lieu qu’à mefure
que l’on vit au delà de cinq, fix ou fept ans, le nombre
des années que l’on peut efpérer de vivre, va toujours en
diminuant, de forte qu’à douze ans on ne peut plus parier
que pour trente-neuf ans , à vingt ans pour trente-trois
ans & demi , à trente ans pour vingt-huit années de vie
de plus, & ainfi de fuite jufqu’à quatre-vingt-cinq ans
qu’on peut encore parier raifonnablement de vivre trois
ans. ( Voyez ci-après les Tables, pag. j y i i r fuiv.)
Il y a quelque chofe d’alfez remarquable dansl’accroif-
fement du corps humain, le foetus dans le fein de la mère
croît toûjours de plus en plus jufqu’au moment de la naif-
lance , (’enfant au contraire croît toûjours de moins en
moins jufqu’à l’âge de puberté, auquel il croît, pourainli
dire , tout à co u p , & arrive en fort peu de temps à la
hauteur qu’il doit avoir pour toujours. Je ne parle pas du
premier temps après la conception , ni de l ’accroilfement
qui fuccède immédiatement à la formation du foetus; je
prends le foetus à un mois, lorfque toutes fes parties font
développées,
développées, il a un pouce de hauteur alors, à deux mois
deux pouces un quart, à trois mois trois pouces & demi,
a quatre mois cinq pouces & plus, à cinq mois fix pouces
& demi ou fept pouces, à fix mois huit pouces & demi ou
neuf pouces, à fept mois onze pouces & plus, à huit mois
quatorze pouces, à neuf mois dix-huit pouces. Toutes ces
mefures varient beaucoup dans les differens fujets, & ce
n elt qu’en prenant les termes moyens que je les ai déterminées,
par exemple, il naît des enfans de vingt-deux
pouces & de quatorze, j’ai pris dix-huit pouces pour le
terme moyen, il en elt de même des autres mefures ; mais
quand il y auroit des variétés dans chaque mefure particulière,
cela ferait indifférent à ce que j ’en veux conclurre,
le refultat fera toûjours que le foetus croît de plus en plus en
longueur, tant qu’il elt dans le fein de là mère; mais s’il
a dix-huit pouces en nailfant, il ne grandira pendant les
douze mois fuivans que de fix ou fept pouces au plus ,
c ’elt-à-dire qu’à la fin de la première année il aura vingt-
quatre ou vingt-cinq pouces, à deux ans il n’en aura que
vingt-huit ou vingt-neuf, à trois ans trente ou trente-deux
au plus, & enfuiteilne grandira guère que d’un pouce 6c
demi ou deux pouces par an jufqu’à l ’âge de puberté : ainfi
le foetus croît plus en un mois fur la fin de fon féjour dans
la matrice, que l ’enfant ne croît en un an jufqu’à cet âge de
puberté, où la Nature femble faire un effort pour achever
de développer & de perfectionner fon ouvrage, en le
portant, pour ainfi dire, tout-à-coup au dernier degré de
fon accroilfement.
Tome I I . O o o