paffe avec les parties brutes, & on trouve les molécules
organiques vivantes dans les excrémens ; d’où l ’on peut
conclurre que les gens qui font fouvent dévoyez, doivent
avoir moins de liqueur féminale que les autres, & que
ceux au contraire dont les excrémens font moulez & qui
vont rarement à la garde-robe, font les plus vigoureux &
les plus propres à la génération.
Dans tout ce que j ’ai dit jufqu’ici, j ’ai toujours fuppofé
que la femelle fournilîoit, auffi-bien que le mâle, une
liqueur féminale, & que cette liqueur féminale ctoit aufïï
nécelfaire à l ’oeuvre de la génération que celle du mâle.
J ’ai tâché d’établir ( Chapitre premier) que tout corps
organifé doit contenir des parties organiques vivantes.
J ’ai prouvé ( Chap. I I dr I I I .) que la nutrition & la
reproduélion s’opèrent par une feule & même caufe, que
la nutrition fe fait par la pénétration intime de ces parties
organiques dans chaque partie du corps, & que la reproduélion
s’opère par le fuperflu de ces mêmes parties
organiques ralfemblées dans quelqu’endroit où elles font
renvoyées de toutes les parties du corps. J ’ai expliqué
(Chap. IV .) comment on doit entendre cette théorie
dans la génération de l’homme & des animaux qui ont
des sèxes. Les femelles étant donc des êtres organifez
comme les mâles, elles doivent aulfi, comme je l’ai établi,
avoir quelques réfervoirs où le fuperflu des parties organiques
foit renvoyé de toutes les parties de leur corps,
ce fuperflu ne peut pas y arriver fous une autre forme que
fous celle d’une liqueur, puifque c ’efl un extrait de toutes
les parties du corps, & cette liqueur efl ce que j’ai toû-
jours appeilé la femence de la femelle.
Cette liqueur n’efl pas, comme le prétend Ariflote,
une matière inféconde par elle-même, & qui n’entre ni
comme matière, ni comme forme, dans l’ouvrage de la
génération ; c ’eft au contraire une matière prolifique, &
auffi effentiellement prolifique que celle du mâle, qui
contient les parties charaélérifliques du sèxe féminin ,
que la femelle feule peut produire , comme celle du
mâle contient les parties qui doivent former les organes
mafculins, & chacune de ces liqueurs contient en même
temps toutes les autres parties organiques qu’on peut
regarder comme communes aux deux sèxes, ce qui fait
que par leur mélange la fille peut reffembler à fon père ,
& le fils à fa mère. Cette liqueur n’efl pas compofée,
comme le dit Hippocrate, de deux liqueurs, l ’une forte
qui doit fervir à produire des mâles, & l ’autre foible qui
doit former les femelles, cette fuppofition efl gratuite ,
& d’ailleurs je ne vois pas comment on peut concevoir
que dans une liqueur qui efl l ’extrait de toutes les parties
du corps de la femelle, il y ait des parties qui puiffent
produire des organes que la femelle n’a pas, c ’eft-à-dire,.
les organes du mâle.
Cette liqueur doit arriver par quelque voie dans la
matrice des animaux qui portent & nourriffent leur foetus
au dedans de leur corps, ou bien elle doit fe répandre
fur d’autres parties dans les animaux qui n’ont point de
vraie matrice ; ces parties font les oeufs qu’on peut