282 H i s t o i r e Na t u r e l l e .
fe vuident après avoir fait leurs fondions. Mais fuivons
encore cette obfervation : il dit qu’il a vû ces animaux
fpermatiques du cabillau fous des formes differentes, multa
apparehant animalcula Jphceram pellucidam reproefentantia;
il les a vûs de differentes groffeurs, hoec animalcula minori
videbantur male, quam ubi eadem antehàc in tubo vitreo
rotundo examinaveram. Il n’en faut pas davantage pour faire
voir qu’il n’y a point ici d’efpèce ni de forme confiante, &
que par conféquentil n’y a point d’animaux, mais feulement
des parties organiques en mouvement, qui prennent en
effet par leurs différentes combinaifons des formes & des
grandeurs différentes. Ces parties organiques mouvantes
fe trouvent en grande quantité dans l’extrait'& dans les
réfidus de la nourriture : la matière qui s’attache aux dents,
& qui, dans les perfonnes faines, a la même odeur que la
liqueur féminale, doit être regardée comme un refidu de
la nourriture ; auffi y trouve-t-on une grande quantité de
ces prétendus animaux, dont quelques-uns ont des queues
& reffefnbient à ceux de la liqueur féminale. M. Baker
en a fait graver quatre efpèces différentes, dont aucune
n’a de membres , & qui toutes font des efpeces de cylindres
, d’ovales, ou de globules fans queues, ou de
globules avec des queues : pour moi je fuis perfuadé,
après les avoir examinées, qu’aucune de ces efpèces ne
font de vrais animaux, & que ce ne font, comme dans
la femence, que les parties organiques & vivantes de la
nourriture, qui fe préfentent fous des formes différentes.
Leeuwenhoek qui ne fçavoit à quoi attribuer l ’origine
de ces prétendus animaux de cette matière qui s’attache
aux dents, fuppofe qu’ils viennent de certaines nourritures
où il y en a, comme du fromage; mais on les trouve également
dans ceux qui mangent du fromage & dans ceux
qui n’en mangent point, & d’ailleurs ils ne reffemblent
en aucune façon aux mites, non plus qu’aux autres petites
bêtes qu’on voit dans le fromage corrompu. Dans un
autre endroit il dit que ces animaux des dents peuvent
venir de l ’eau de citerne que l ’on boit, parce qu’il a ob-
fervé des animauxfemblables dans l’eau du ciel, fur-tout
dans celle qui a féjourné fur des toits couverts ou bordez
de plomb , où l’on trouve un grand nombre d’efpèces
d ’animaux différens; mais nous ferons voir, lorfque nous
donnerons l’hifloire des animaux microfcopiques, que la
plupart de ces animaux qu’on trouve dans l ’eau de pluie,
ne font que des parties organiques mouvantes qui fe di-
vifent, qui fe raffemblent, qui changent de forme & de
grandeur, & qu’on peut enfin faire mouvoir & refier en
repos, ou vivre & mourir, auffi fou vent qu’on le veut.
La plupart des liqueurs féminales fe délaient d ’elies-
mêmes, & deviennent plus liquides à l’air & au froid
qu’elles ne le font au fortir du corps de l’animal , au
contraire elles s’épaiffiffent lorfqu’on les approche du
feu & qu’on leur communique un degré , même médiocre,
de chaleur. J ’ai, expofé quelques-unes de ces
liqueurs à un froid affez violent, en forte qu’au toucher
elles étoient auffi froides que de l ’eau prête à fe glacer,
ce froid n’a fait aucun mal aux prétendus animaux, ils
N n ij