102 H i s toi r e Na t u r e l l e .
dans les poiftbns cartilagineux, comme la raie, il n’y a que
deux oeufs qui groffiffent & mûriffent en même temps,
ils defcendent des deux cornes de la matrice, 6c ceux qui
refient dans l’ovaire font, comme dans les poules, de
differente groffeur : il dit en avoir vû plus de cent dans
l ’ovaire d ’une raie.
Il fait enfuite l ’expofition anatomique des parties de la
génération de la poule, & il obferve que dans tous les
oifeaux la fituation de l’orifice de l ’anus 6c de la vulve eft
contraire à la fituation de ces parties dans les autres animaux;
les oifeaux ont en effet l ’anus en devant, & la vulve
en arrière *; 6c à l ’égard de celles du co q , il prétend que
cet animal n’a point de verge, quoique les oies 6c les
canards en aient de fort apparentes, {’"autruche fur-tout en
a une de la groffeur d’une langue de cerf ou de celle
d’un petit boeuf; il dit donc qu’il n’y a point d’intromif-
fion , mais feulement un fimple attouchement, un frottement
extérieur des parties du coq & de la poule, & il
croit que dans tous les petits oifeaux qui, comme les moineaux,
ne fe joignent que pour quelques momens, il n’y
a point d’intromiffion ni de vraie copulation.
Les poules produifent des oeufs fans c o q , mais en plus
petit nombre, & ces oeufs, quoique parfaits, font inféconds
; il ne croit pas, comme c ’efl le fèntiment des gens
de la campagne, qu’en deux ou trois jours d’habitude avec
le co q , la poule foit fécondée au point que tous les oeufs
qu’elle doit produire pendant toute l ’année, foient tous
* La plupart de tous ces faits font tirez d’Ariftote.
féconds, feulement il dit avoir fait cette expérience fur
une poule féparée du coq depuis vingt jours, dont 1 oeuf
fe trouva fécond, comme ceux qu’elle avoit pondus auparavant.
Tant que l’oeuf eft attaché à fon pédicule, c ’eft-
à-dire , à la grappe commune, il tire fa nourriture par les
vaiffeaux de ce pédicule commun ; mais dès qu’il s’en
détache, il la tire par intuflufeeption de la liqueur blanche
qui remplit les conduits dans lefquels il defeend, 6c tout,
jufqu a la coquille, fe forme par ce moyen.
Les deux cordons (chala^oe) qu’Aquapendenteregar-
doit comme le germe ou la partie produite par lafemence
du mâle,fe trouvent auffi-bien dans les oeufs inféconds que
la poule produit fans communication avec le coq, que dans
les oeufs féconds, 6c Harvey remarque très-bien que ces
parties de l ’oeuf ne viennent pas du mâle, 6c qu’elles ne
font pas celles qui font fécondées. La partie de 1 oeuf qui
eft fécondée eft très-petite, e ’eft un petit cercle blanc
qui eft fur la membrane du jaune, qui y forme une petite
tache femblable à une cicatrice de la grandeur d’une lentille
environ ; c ’eft dans ce petit endroit que fe fait la fécondation
, c ’e ft-là ou le poulet doit naître & croître,
toutes les autres parties de l’çeuf ne font faites que pour
celle-ci. Harvey remarque auffi que cette cicatricule fe
trouve dans tous les oeufs féconds ou inféconds, & il dit
que ceux qui veulent qu’elle foit produite par la femence
du mâle, fe trompent; elle eft de la même grandeur &
de la même forme dans les oeufs frais 6c dans ceux qu on
a gardez long-temps, mais dès qu’on veut les faire eclorre