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 les modes  qui ne font que i’ufage  du  plus  grand  nombre,  
 ufage auquel le refte fe foûmet,  ont donc été introduites,  
 établies  par  ce  grand  nombre  de  perfonnes  intéreiïees  à  
 rendre leurs défauts plus fupportables. Les femmes ont coloré  
 leur vifage lorfque les rofes de leur teint fe font flétries,  
 &   lorfqu une pâleur naturelle  les  rendoit moins  agréables  
 que  les  autres ;  cet  ufàge  eft prefque  univerfellement  répandu  
 chez  tous les peuples  de  la terre ;  celui de fe blanchir  
 les cheveux * avec de la poudre,  & de les enfler par la  
 frifure,  quoique beaucoup moins général & bien plus nouveau  
 , paraît avoir été imaginé pour faire fortir davantage les  
 couleurs du vifage,  &  en  accompagner plus avantageufe-  
 ment la forme.. 
 Mais  laiflons  Jeschofes  accefloires  &  extérieures,  &   
 fa ns nous  occuper  plus  longtemps  des ornemens  &  de la  
 draperie du tableau, revenons à ia figure.  La tête de l ’homme  
 eft à l ’extérieur &  à  l ’intérieur  d ’une forme  différente  
 de celle de la tête de tous les autres animaux,  à l ’exception  
 du finge,  dans lequel  cette  partie  eft  aflez  femblable ;  il a  
 cependant  beaucoup  moins  de  cerveau & plufieurs autres  
 différences  dont  nous parlerons dans la fuite  :  le  corps de  
 prefque  tous  les  animaux  quadrupèdes  vivipares  eft  en 
 *  Les Papoux, habitans de  ta nouvelte Guinée, qui font des peuple*  
 fàuvages,  ne  (aident  pas  de  faire grand  cas  de  leur  barbe  &  de  leurs  
 cheveux, &  de  les poudrer avec de la chaux. Voye^ Recueil des Voyages  
 qui ont fervi  à  l’établijfement de  la  Compagnie  des. Indes,  Tome  4,  
 page 637, 
 entier couvert de poils,  le derrière  de  la  tête de l’homme  
 eft jufqu  à l’âge de puberté la feule partie  de fon  corps  qui  
 en  foit  couverte  , &   elle  en  eft  plus abondamment garnie  
 que  la  tete  d aucun  animah  L e   finge  reflemble  encore  à  
 1 homme  par  les  oreilles ,  par  les  narines,  par les  dents :  
 il  y   a  une  très-grande  diverfité  dans  la  grandeur,  la pofi-  
 ti°n  &  le  nombre  des  dents  des  différens  animaux,  les  
 uns  en  ont  en  haut  &   en  b a s ,  d’autres  n’en  ont  qu’à  la  
 mâchoire inférieure ;  dans les uns les dents font féparées les  
 unes dès autres,  dans d’autres  elles  font  continues &  réunies, 
   le  palais  de  certains poiffons n’eft qu’une, efpèce  de  
 mafle  offeufe  très-diire  &  garnie  d’un très-grand  nombre  
 de pointes  qui  font l ’office  de  dents*. 
 Dans prefque tous les animaux la partie par laquelle ils  
 prennent la  nourriture,  eft ordinairement folide  ou armée  
 de quelques  corps  durs;  dans l’homme,  les  quadrupèdes  
 & les poiffons les dents, le bec dans les oifeaux, les pinces,  
 les fcies-,  &c.  dans  les  infeéies,  font des inftrumens d’une 
 *  On  trouve dans  lè  Journal des Sçavans, année  1 67 j , un  extrait  
 de 1 TJloria Anatomica delf ojfa del corpo humano,  di Bemardino Genga,  
 &c. par lequel il paroît  que. cet Auteur  prétend  qu’il  s’eft  trouvé plufieurs  
 perfonnes  qui  n’avoient  qu’une  foule  dent qui occupoit toute la  
 mâchoire  ,  fur  laquelle  on  voyoit  dé  pérîtes  lignes  diftinétes  par  le  
 moyen défquetlès  il  fembloif  qu’il  y  en  eût  eu  plufieurs  :  il  dit  avoir  
 trouvé dans  le cimetière de l’hôpital duSaim-Efprit de Rome, une tête  
 qui n’avoit point  de  mâchoire  inférieure  ,  St  que  dans  la  fupérieure  il  
 n’y  avoir  que  trois dents,  fçavoir,  deux molaires  dont  chacune  étoit  
 divifée  en  cinq  avec  les  racines  féparées,  &  l’autre  formoit  les  quatre  
 dents  incifîves  & les  deux  qu’on  appelle  canines,/wg-e  2 54. 
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