auffi les cheveux font-ils plus grands & plus abondans dans
fa jeunefle qu’ils ne le font à tout autre âge. Les plus longs
cheveux tombent peu à peu , à mefure qu’on avance en
âge ils diminuent & fe deflechent ; ils commencent à blanchir
par la pointe ; dès qu’ils font devenus blancs ils font
moins forts & fe caftent plus aifément. On a des exemples
de jeunes gens, dont ies cheveux devenus blancs par
l’effet d’une grande maladie, ont enfuite repris leur couleur
naturelle peu à peu lorfque leur fanté a été parfaitement
rétablie. Ariftote & Pline difent qu’aucun homme
ne devient chauve avant d’avoir fait ufage des femmes, à
l ’exception de ceux qui font chauves dès leur naiftance :
les anciens écrivains ont appellé les habitans de l’ifle de
Mycone têtes chauves ; on prétend que c ’étoit un défaut
naturei'à ces infulaires, & comme une maladie endémique
avec laquelle ifs venoient prefque tous au monde. Voyez
la defcription des i f es de l'Archipel par Dapper, page y y 4 .
Voyez aujfi le fécond vol. de l ’édit, de Pline par le P . Har-
douin, p . y y i .
L e nez eft la partie la plus avancée & 1e trait le plus apparent
du vifage, mais comme il n’a que très peu de mouvement
, & qu’il n’en prend ordinairement que dans les
plus fortes paftions, il fait pins à la beauté qu’à la phyfio-
nomie, & à moins qu’il ne foit fort difproportionné ou
très-difforme , on ne le remarque pas autant que les autres
parties qui ont du mouvement, comme la bouche ou les
yeux. La forme du nez & fa pofîtion plus avancée que
celle de toutes les autres parties de la face, font particulières
à i’efpèce humaine, car la plupart des animaux ont
des narines ou nafeaux avec la cloifon qui les fépare, mais
dans aucun le nez ne fait un trait élevé & avancé; les fin-
ges même n’ont, pourainfi dire, que des narines, ou du
moins leur nez qui eft pofé comme celui de l’homme,
eft fi plat & fi court qu’on ne doit pas le regarder comme
une partie femblable ; c ’eft par cet organe que l’homme
& la plûpart des animaux refpirent & fentent les odeurs.
Les oifeaux n’ont point de narines, ils ont feulement deux
trous ou deux conduits pour la refpiration & l ’odorat, au
lieu que les animaux quadrupèdes ont des nafeaux ou des
narines cartilagineufes comme les nôtres. •
La bouche & les lèvres font après les yeux les parties
du vifage qui ont le plus de mouvement & d’expreffion ;
les paftions influent fur ces mouvemens ; la bouche en
marque les difîerens caractères par les differentes formes
qu’elle prend; l ’organe de la voix anime encore cette
partie, & la rend plus vivante que toutes les autres ; la
couleur vermeille des lèvres, la blancheur de l ’émail des
dents, tranchent avec tant d’avantage fur les autres couleurs
du vifage, qu’elles paroiffent en faire le point de vue
principal ; on fixe en effet les yeux fur la bouche d’un
homme qui parle, & on les y arrête plus long temps que
fur toutes les autres parties ; chaque mot, chaque articulation
, chaque fon produifent des mouvemens diffërens dans
les lèvres : quelque variez & quelque rapides que foient
ce s mouvemens, on pourrait les diftinguertous les uns des
autres; on a vû des lourds en connoître fi parfaitement les