194 H i s t o i r e Na t u r e l l e .
remarquai aucun mouvement bien diftinét, feulement
comme la matière fe liquéfioit, elle formoit une efpece
de courant par lequel ces globules & ces filamens pa-
roifloient tous être entraînez du même cote : je m atten-
dois à voir prendre à cette matière un plus grand degre
de fluidité, mais cela n’arriva pas; apres qu elle fe fut un
peu liquéfiée, elle fe deflecha, & je ne pûs jamais voir
autre chofe que ce que je viens de dire, en obfervant
cette matière fans addition ; je la mêlai donc avec de
l’eau, mais ce fut encore fans lucces d abord, car 1 eau
ne la pénétrait pas tout de fuite, & fembloit ne pouvoir
la délayer.
X Y I I T.
Ayant fait ouvrir un autre lapin , je n’y trouvai qu une
très-petite quantité de matière féminale, qui étoit d une
couleur & d’une confiftance différente de celle dont je
viens de parler, elle étoit à peine coloree de jaune, & plus
fluide que celle-là; comme il n y en avoit que tres-peu,
& que je craignois qu’elle ne fe defféchât trop promptement
, je fus forcé de la meler avec de 1 eau des la
première obfervation, je ne vis pas les filamens ni les
chapelets que j ’avois vûs dans l’autre , mais je reconnus
fur le champ les gros globules, & je vis de plus qu ils
avoient tous un mouvement de tremblement & connue
d’inquiétude ; ils avoient aulfi un mouvement de progref-
fion, mais fort lent, quelques-uns tournoient au Si autour
de quelques autres, & la plupart paroifloient tourner fur
leur centre. Je ne pûs pas fuivre cette obfervation plus
foin, parce que je n’avois pas une afiez grande quantité
de cette liqueur féminale, qui fe deflechat promptement.
X I X .
Ayant lait chercher dans un autre lapin, on n’y trouva
rien du tout, quoiqu’il eût été depuis quelques jours aufli
voifin de la femelle que les autres ; mais dans les véficufes
féminales d’un autre on trouva prefque autant de liqueur
congelée que dans celui de l ’obfervation X V I I . Cette
liqueur congelée, que /’examinai d’abord de la même
façon, ne me découvrit rien de plus, en forte que je pris
le parti de mettre infufer toute la quantité que j’en avois
pû ralfembler, dans une quantité prefque double d’eau
pure , & après avoir fecoué violemment & fouvent la
petite bouteille où ce mélange étoit contenu, je le iaiflài
repofer pendant dix minutes, après quoi j ’obfervai cette
infufion en prenant toujours à la furfàce de la liqueur les
gouttes que je voulois examiner : j’y vis les mêmes gros
globules dont j’ai parlé, mais en petit nombre & entièrement
détachez & féparez, & même fort éloignez les
uns des autres ; ils avoient différens mouvemens d’approximation
les uns à l ’égard des autres, mais ces mouvemens
étoient fi lents, qu’à peine étoient-ils fenfibles.
Deux ou trois heures après il me parut que ces globules
avoient diminué de volume, & que leur mouvement étoit
devenu plus fenfible, ils paroifloient tous tourner fur leurs
centres ; & quoique leur mouvement de tremblement fût
bien plus marqué que celui de progreiïion, cependant on
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