164 H i s t o i r e Na t u r e l l e .
ont étéfenties par un homme d’elprit, qui me paroît avoir
mieux raifonné que tous ceux qui ont écrit avant lui fur
cette matière, je veux parler de fauteur de la Vénus phy-
fique, imprimée en 1745; ce traité, quoique fort court,
raflemble plus d’idées philofophiques qu’il n’y en a dans
plufieurs gros volumes fur la génération : comme ce livre
eft entre les mains de tout le monde, je n’en ferai pas
fanalyfe, il n’en eft pas même fufceptibie; la précifion
avec laquelle il eft écrit, ne permet pas qu’on en fafle un
extrait, tout ce que je puis dire, c ’eft qu’on y trouvera
des vues générales qui ne s’éloignent pas infiniment des
idées que j’ai données, & que cet auteur eft le premier
qui ait commencé à fe rapprocher de la vérité dont on
étoit plus loin que jamais depuis qu’on avoit imaginé les
oeufs & découvert les animaux lpermatiques. Il ne nous
refte plus qu’à rendre compte de quelques expériences
particulières, dont les unes ont paru favorables & les autres
contraires à ces iÿftèmes.
On trouve dans l’hiftoire de l ’Académie des Sciences,
année i/ o J, quelques difficultés propofées par M. Mery
contre le fyftème des oeufs. Ce t habile Anatomifte foû-
tenoit avec raifon, que les véficules qu’on trouve dans les
tefticules des femelles, ne font pas des oeufs, qu’elles font
adhérentes à la fubftance intérieure du tefticule, & qu’il
n’eft pas poffible qu’elles s’en féparent naturellement, que
quand même elles pourraient fe féparer de la fubftance
intérieure du tefticule, elles ne pourraient pas encore en
fprtir, parce que la membrane commune qui enveloppe tout
le tefticule, eft d’un tiflii trop ferré pour qu’on puirte concevoir
qu’une véficule, ou un oeufrond & moilalfe pût s’ou:
vrir un partage à travers cette forte membrane; & comme
la plus grande partie des Phyficiens & des Anatomiftes
étoient alors prévenus en faveur du lÿftème des oeufs, &
que les expériences de Graafleuravoient impofé au point
qu’ils étoient perfuadez , comme cet Anatomifte l’avoit
dit, que les cicatricules qu’on trouve dans les tefticules
des femelles étoient les niches des oeufs, & que le nombre
de ces cicatricules marquoit celui des.foetus, M. Mery fit
voir des tefticules de femme où il y avoit une très-grande
quantité de ces cicatricules, ce qui, dans le lÿftème de ces
Phyficiens, aurait fuppofé dans cette femme une fécondité
inouie. Ces difficultés excitèrent les autres Anatomiftes
de l ’Académie, qui étoient partifans des oeufs, à
faire de nouvelles recherches; M. Duverney examina &
diftequa des tefticules de vaches & de brebis, il prétendit
qùe les véficules étoient les oeufs, parce qu’il y en avoit
qui étoient plus ou moins adhérentes à. la fubftance du
tefticule, & qu’on devoit croire que dans le temps de la.
parfaite maturité elles s’ en détachoient totalement, puif-
qu’en introduifant de l ’air & en fouillant dans l ’intérieur
du tefticule, l’air palfoit entre ces véficules & les parties
voifines. M. Mery répondit feulement que cela ne fàifoit
pas une preuve fuffifante, puifque jamais on n’avoit vu
ces véficules entièrement féparées du tefticule : au relie
M. Duverney remarqua fur les tefticules le corps glanduleux,
mais il ne le reconnut pas pour une partie eflentielle
X iij