animaux & les végétaux non feulement n’eft pas générale,
mais même n’eft pas bien décidée.
Une troifième différence paraît être dans la manière
de fe nourrir; les animaux par le moyen de quelques organes
extérieurs faififfent les chofes qui leur conviennent,
ils vont chercher leur pâture', ils choififfent leurs alimens;
les plantes au contraire paroiffent être réduites à recevoir
la nourriture que la terre veut bien leur fournir, il femble
que cette nourriture foit toujours la même, aucune diver-
fité dans la manière de fe la procurer, aucun choix dans
l ’efpèce, l’humidité de la terre eft leur feul aliment. C e pendant
fi l’on fait attention à l ’organifation & à l’aélion
des racines & des'feuilles, on reconnoîtra bien-tôtquece
font-là les organes extérieurs dont les végétaux fe fervent
pour pomper la nourriture, on verra que les racines fe
détournent d’un obftacle ou d ’une veine de mauvais
terrein pour aller chercher la bonne terre ; que même
ces racines fe divifent, fe multiplient, & vont jufqu’à
changer de forme pour procurer de la nourriture à la
plante; la différence entre les animaux & les végétaux ne
peut donc pas s’établir fur la manière dont ils £e nourrif-
fènt.
C e t examen nous conduit à reconnoître évidemment
qu’il n’y a aucune différence abfolument effentielle &
générale entre les animaux & les végétaux, mais que la
nature defcend par degrés & par nuances imperceptibles
d’un animal qui nous paraît le plus parfait à celui qui l’efl:
le moins, & de celui-ci au végétal. L e polype d’eau douce
fera, fi l’on veut, le dernier des animaux & la première
des plantes.
En effet, après avoir examiné les différences, fi nous
cherchons lesreffemblances des animaux & des végétaux,
nous en trouverons d’abord une qui eft générale & très-
effentielle, c ’eft la faculté commune à tous deux de le
reproduire, faculté qui fuppofe plus d’analogies & de
chofes femblables que nous ne pouvons l ’imaginer, &
qui doit nous faire croire que pour la nature les animaux
& les végétaux font des êtres à peu près du même ordre.
Une fécondé reffemblance peut fe tirer du développement
de leurs parties, propriété qui leur eft commune,
car les végétaux ont, auffï-bien que les animaux, la faculté
de croître, & fi la manière dont ils fe développent, eft
différente, elle n e l’eft pas totalement ni effentiellement,
puifqu’il y a dans les animaux des parties très-confidéra-
bles, comme les os, les cheveux, les ongles, les cornes,
&c. dont le développement eft une vraie végétation,
& que dans les premiers temps de là formation le foetus
végète plutôt qu’il ne vit.
Une troifième reffemblance, c ’eft qu’il y a des animaux
qui fe reproduifent comme les plantes, & par les
mêmes moyens; la multiplication des pucerons qui fe fait
fans accouplement, eft femblableà celle des plantes par
les graines, & celle des polypes, qui fe fait en les coupant
, reffemble à la multiplication des arbres par boutures.
On peut donc aflurer âvec plus de fondement encore,
Tome IL B