M. Winflow, eft un repli membraneux plus ou moins
circulaire, plus ou moins large, plus ou moins égal, quelquefois
femi-lunaire, qui faille une ouverture très-petite
dans les unes, plus grande dans les autres, &c. Ambroife
Paré, Dulaurent, Graaf, Pineus, Dionis, Mauriceau,
Palfÿn & plufieurs autres anatomilles auffi fameux & tout
au moins aulfi accréditez que les premiers que nous avons
c ite z , foûtiennent au contraire que la membrane de l’hymen
n’eft qu’une chimère, que cette partie n’eft point
naturelle aux filles, & ils s’étonnent de ce que les autres
en ont parlé comme d ’une chofe réelle & confiante; ils
leur oppofent une multitude d’expériences par lefquelles
ils fe font affurez que cette membrane n’exifie pas ordinairement;
ils rapportent les obfervations qu’ils ont faites fur
un grand nombre de filles de différens âges, qu’ils ont
difféquées & dans lefquelles ils n’ont pû trouver cette
membrane, ils avouent feulement qu’ils ont vu quelquefois,
mais bien rarement, une membrane qui unilfoitdes
protubérances charnues qu’ils ont appellées caroncules
myrtiformes, mais ils foûtiennent que cette membrane
étoit contre l’état naturel. Les anatomiftes ne font pas
plus d’accord entr’eux fur la qualité & le nombre de ces
caroncules ; font-elles feulement des rugofités du vagin 1
font-elles des parties difiinctes & féparées ! font-elles des
relies de la membrane de l’hymen ! le nombre en efi-il
confiant ! n’y en a-t-il qu’une feule ou plufieurs dans l’état
de virginité î chacune de ces queftionsa été faite, & chacune
a été réfolue différemment.
Cette contrariété d’opinions fur un fait qui dépend
d une fimple infpeétion , prouve que les hommes ont
voulu trouver dans la Nature ce qui n’étoit que dans leur
imagination, puifqu’ily a plufieurs anatomilles qui difent
de bonne foi qu’ils n’ont jamais trouvé d’hymen ni de
caioncules dans les filles qu ils ont diflequées , même
avant 1 âge de puberté, puifque ceux qui foûtiennent au
contraire que cette membrane & ces caroncules exifient,
avouent en meme temps que ces parties ne font pas toû-
jours les memes, qu elles varient de forme, de grandeur
& de confifiance dans les différens fujets, que fouventau
lieu d hymen il n y a qu’une caroncule, que d’autres fois
il y en a deux ou plufieurs réunies par une membrane,
que l’ouverture de cette membrane efl de différente forme,
&c. Quelles font les conféquences qu’on doit tirer
de toutes ces obfervations! qu’en peut-on conclurre,
finon que les caufes du prétendu rétrécilfement de l ’entrée
du vagin ne font pas confiantes , & que iorfqu’eiles exif-
tent, elles n’ont tout au plus qu’un effet paffager qui eftfuf-
ceptible de différentes modifications ! L ’Anatomie laide,
comme l ’on voit, une incertitude entière fur i’exifience
de cette membrane de l ’hymen & de ces caroncules,
elle nous permet de rejeter ces lignes de la virginité, non
feulement comme incertains, mais même comme imaginaires;
il en eft de même d’un autre figne plus ordinaire,
mais qui cependant eft tout auffi équivoque', c ’eft le fang
répandu ; on a cru dans tous les temps que l’effufion de
fang étoit une preuve réelle de la virginité, cependant