que les animaux & les végétaux font des êtres du meme
ordre, & que la nature femble avoir paffé des uns aux
autres par des nuances infenfibles, puifqu’iis ont entr eux
des reffemblances effentielles & générales, & qu ils n ont
aucune différence qu’on puiffe regarder comme telle.
Si nous comparons maintenant les animaux aux végétaux
par d’autres faces, par exemple, par le nombre, par
le lieu, par la grandeur, par la forme, &c. nous en tirerons
de nouvelles inductions.
L e nombre des efpèces d’animaux eft beaucoup plus
grand que celui des efpèces de plantes, car dans le feul
genre des infectes il y a peut-être un plus grand nombre
d’efpèces, dont la plupart échappent à nos yeu x , qu il
n’y a d’efpèces de.plantes vifibles fur la furface de la terre.
Les animaux même fe reffemblent en general beaucoup
moins que les plantes, & ç ’efl cette reffemblance entre
les plantes qui fait la difficulté de les reconnoître & de
les ranger, c ’eft-là ce qui a donné naiffance aux méthodes
de Botanique, auxquelles on a par cette raifon beaucoup
plus travaillé qu’à celles de la Z oologie, parce que les animaux
ayant en effet entr’eux des différences bien plus
fenfibles que n’en ont les plantes entr’elles, ils font plus
aifez à reconnoître & à diflinguer, plus faciles à nommer
St à décrire.
D ’ailleurs il y a encore un avantage pour reconnoître
les efpèces d’animaux & pour les diflinguer les unes des
autres, c ’efl qu’on doit regarder comme la même efpèce
celle qui,au moyen de la copulation, fe perpétue & conferve
la fimilitude de cette efpèce, & comme des efpèces différentes
celles qui, par les mêmes moyens, ne peuvent rien
produire enfemble; de forte qu’un renard fera une efpèce
differente d’un chien, fi en effet par la copulation d’un
mâle &. d’une femelle de ces deux efpèces il ne réfulte
rien, & quand même il en rcfulteroit un animal mi-parti,
une efpèce de mulet, comme ce mulet ne produirait
rien, cela fuffiroit pour établir que le renard & le chien
ne feraient pas de la même efpèce, puifque nous avons
fuppoféque pour conftituer une efpèce, il falloitune production
continue, perpétuelle> invariable, femblable, en
un mot, à celle des autres animaux. Dans les plantes on
n’a pas le même avantage, car quoiqu’on ait prétendu y
reconnoître des sèxes & qu’on ait établi des divifions de
genres par les parties de la fécondation, comme cela n’efl
ni auffi certain, ni aufïï apparent que dans les animaux, &
que d’ailleurs la production des plantes fe fait de plufieurs
autres façons, où les sèxes n’ont point de part & où les
parties de la fécondation ne font pas néceffaires, on n’a
pu employer avec fuccès cette idée, & ce n’efl que fur
une analogie mal entendue qu’on a prétendu que cette
méthode féxuelle dêvoit nous faire diflinguer toutes les
efpèces différentes de plantes; mais nous renvoyons l’examen
du fondement de ce fyftème à notre hifloire des
végétaux.
L e nombre des efpèces d’animaux eft donc plus grand
que celui des efpèces de plantes, mais il n’en eft pas dé
même du nombre d’individus dans chaque efpèce; dans
B i j