continuoient à fe mouvoir avec la même vîteffe & aufïi
long - temps que ceux qui n’y avoient pas été expofez;
ceux au contraire qui avoient fouffert un peu de chaleur,
ceffoient de fe mouvoir, parce que la liqueur s’épaiffiffoit.
Si ces corps en mouvement étoient des animaux , ils
feroient donc d’une complexion & d’un tempérament
tout différent de tous les autres animaux , dans lefquels
line chaleur douce & modérée ne fait qu’entretenir la vie
& augmenter les forces & le mouvement, que le froid
arrête & détruit.
Mais voilà peut-être trop de preuves contre la réalité
de ces prétendus animaux , 8c on pourra trouver que
nous nous fommes trop étendus fur ce fujet. Je ne puis
cependant m’empêcher de faire une remarque, dont on
peut tirer quelques conféquences utiles ; c ’efl que ces
prétendus animaux fpermatiques, qui ne font en effet que
les parties organiques vivantes de la nourriture, exiftent
non feulement dans les liqueurs féminales des deux sexes
& dans le réfidu de la nourriture qui s’attache aux dents,
mais qu’on les trouve auffi dans le chyle 6c dans les ex-
crémens. Leeuwenhoek les ayant rencontrez dans les
excrémens des grenouilles 6c de plufieurs autres animaux
qu’il difféquoit, en fut d’abord fort furpris, & ne pouvant
concevoir d’où venoient ces animaux, qui étoient entièrement
femblables à ceux desUiqueurs féminales qu’il
venoit d’obferver, il s’accufe lui-même de mal-adreffe 6c
dit, qu’apparemment en difféquant l’animal il aura ouvert
avec le fcalpel les vaiffeaux qui contiennent la fcmence »
& qu’elle fe fera fans doute mêlée avec les excrémens ;
mais enfuite les ayant trouvez dans les excrémens de
quelques autres animaux, & même dans les fiens, il ne
fçait plus quelle origine leur attribuer. J ’obferverai que
Leeuwenhoek ne les a jamais trouvez dans fes excrémens,
que quand ils étoient liquides: toutes les fois que
fon eflomac ne fàifoit pas fes fondions 6c qu’il ctoit
d é vo y é , il y trouvoit de ces animaux, mais lorfque la
codion de la nourriture fe fàifoit bien & que les excré-
menS'etoient durs, il n ’y en avoit aucun, quoiqu’il les
délayât avec de l’eau-, ce qui femble s’accorder parfaitement
avec tout ce que nous avons dit ci-devant; car
il eft aifé de comprendre que lorfque l ’eftomac & les
inteftins font bien leurs fondions, les excrémens ne font
que le marc de la nourriture, 6c que tout ce qu’il y avoit
de vraiment nourriffant 6c d’organique eff entré dans les-
vaiffeaux qui fervent à nourrir l ’animal, que par confc-
quent on ne doit point trouver alors de ces. molécules
organiques dans ce marc, qui efl principalement com-
pofé des parties brutes de la nourriture & des récrémens
du corps, qui ne font auffi que des parties brutes ; au lieu
que fi i’eftomac & les inteftins Liftent paffer la nourriture
fans la digérer affez pour que les vaiffeaux qui doivent
recevoir ces molécules organiques, puiffent les admettre,
ou bien , ce qui efl: encore plus probable, s’il y a trop
de relâchement ou de tenfion dans les parties folides
de ces vaiffeaux, & qu’ils ne foient pas dans l ’état où il
faut qu’ils foient pour pomper la nourriture, alors elle
N n iij