
y font attentifs, quoique le linge manque aux Sauvages St
qu il ne leur foit pas pofïïble de changer aufïï foüvent de
pelleterie que nous pouvons changer de linge ; ils fup-
pleent a ce defaut en mettant dans les endroits convenables
quelque matière affez commune pour qu’ils ne
foient pas dans la nécelTité de l ’épargner. Dans la partie
feptentrionale de l’Amérique, on met au fond des berceaux
une bonne quantité de cette poudre que l’on tire
du bois qui a été rongé des vers, & que l’on appelle
communément Ver-moulu ; les enfàns font couchez fur
cette poudre & recouverts de pelleteries. On prétend
que cette forte de lit efl auffi douce & auffi molle que
la plume ; mais ce n’efl pas pour flatter la délicateffe des
enfans que cet ufàge efl introduit, c ’efl feulement pour
les tenir propres : en effet, cette poudre pompe l ’humidité,
& après un certain temps on la renouvelle. JEn
Virginie on attache les enfans nuds fur une planche garnie
de coton, qui efl percée pour l’écoulement des ex-
crémens; le froid de ce pays devrait contrarier cette
pratique qui efl prefque générale en Orient , & fur-tout
en Turquie ; au relie cette précaution fupprime toute
forte de foins, c ’efl toûjours le moyen le plus fûr de
prévenir les effets de la négligence ordinaire des nourrices
: il h y a quela tendreffe maternelle qui foit capable
de cette vigilance continuelle, de ces petites attentions
fi nécefîàires ; peut - on l ’efpérer de nourrices mercenaires
& groffières ! •
Les unes abandonnent leurs enfàns pendant plufieurs
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heures fans avoir la moindre inquiétude fur leur état,
d autres font affez cruelles pour n’être pas touchées de
leurs gémiffemens ; alors ces petits infortunez entrent
dans une forte de défefpoir, ils font tous les efforts dont
ils font capables, ils pouffent des cris qui durent autant
que leurs forces; enfin ces excès leur caufent des maladies,
ou au moins les mettent dans un état de fatigue &
d abattement qui dérange leur tempérament & qui peut
même influer fur leur caractère. Il efl un ufàge dont les
nourrices nonchalantes & pareffeufes abufent fouvent ;
au heu d’employer des moyens efficaces pour foulager
l ’enfant , elles fe contentent d’agiter le berceau en le
fàifànt balancer fur les cotés ; ce mouvement lui donne
une forte de diflraclion qui appaife fes cris ; en continuant
Je meme mouvement on 1 étourdit, & à la Un on l ’endort ;
mais ce fommeil forcé n’efl qu’un palliatif qui ne détruit
pas la caufe du mal préfent, au contraire on pourrait caufer
un mal réel aux enfans en les berçant pendant un trop
long-temps, on les ferait vomir, peut-être auffi que
cette agitation efl capable de leur, ébranler la tête , & d’y.
caufer du dérangement.
Avant que de bercer les enfans il faut être fûr qu’il ne
leur manque rien, & on ne doit jamais les agiter au point
de les étourdir; fi on s’aperçoit qu’ils ne dormentpas affez,
il fuffit d’un mouvement lent & égal pour les affoupir ;
on ne doit donc les bercer que rarement, car fi on les y
accoûtume, ils ne peuvent plus dormir autrement. Pour
que leur fànté foit bonne , il faut que leur fommeil foit
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