cette commotion communiquée à la matrice, puilTe produire
dans le foetus quelque chofe de femblable à la penfée
de la mère, à moins que de dire comme Harvey, que la
matrice a la faculté de concevoir des idées, & de les
réalifer fur le foetus !
Mais, me dira-t-on, comment donc expliquer le fait t
fi ce n’eft pas l’imagination de la mère qui a agi fur le
foetus, pourquoi eft-il venu au monde avec les membres
rompus! A cela je réponds que quelque témérité qu il y
ait à vouloir expliquer un fait lorfqu’il eft en meme temps
extraordinaire & incertain, quelque défavantage qu on ait
à vouloir rendre raifon de ce même fait fuppofe comme
vrai, lorfqu’on en ignore les circonftances, il me paroît
cependant qu’on peut répondre d une maniérélatisfaifante
à cette efpèce de queftion, de laquelle on n’eft pas en
droit d’exiger une folution direéte. Les chofes les plus
extraordinaires, & qui arrivent le plus rarement, arrivent
cependant aulfi néceflairement que les chofes ordinaires
& qui arrivent très - fouvent ; dans le nombre infini de
combinaifons que peut prendre la matière, les arrange-
mens les plus extraordinaires doivent fe trouver, & fe
trouvent en effet, mais beaucoup plus rarement que les
autres; dès-lors on peut parier, & peut-être avec avantage,
que lur un million, o u , fi l’on veut, mille millions d en-
fans qui viennent au monde, il en naîtra un avec deux
têtes, ou avec quatre jambes, ou avec des membres rompus
, ou avec telle difformité ou monftruofite particulière
qu’on voudra fuppofer. Il fe peut donc naturellement,
& fans que l ’imagination de la mère y ait eu part, qu’il
foit né un enfant dont les membres étoient rompus; il
fe peut même que cela foit arrivé plus d’une fo is , & il
fe peut enfin encore plus naturellement, qu’une femme
qui devoit accoucher de cet enfant, ait été au fpeétacle
de la roue, & qu’on ait attribué à ce qu’elle y avoit v u ,
& à fon imagination frappée, le défaut de conformation
de fon enfant. Mais indépendamment de cette réponfe
générale qui ne fatisfera guère que certaines gens, ne
peut-on pas en donner une particulière, & qui aille plus
directement à l ’explication de ce fait ! L e foetus n’a ,
comme nous l’avons dit, rien de commun avec la mère,
les fondions en font indépendantes, il a fes organes, fon
fang, fes mouvemens, & tout cela lui eft propre & particulier
: la feule chofe qu’iijtire de là mère , eft cette
liqueur ou lymphe nourricière que filtre la matrice; fi cette
lymphe eft altérée, fi elle eft envenimée du virus vénérien
, l ’enfant devient malade de la même maladie, & on
peut penfer que toutes les maladies qui viennent du vice
ou de l’altération des humeurs, peuvent fe communiquer
de la mère au foetus ; on fçait en particulier que la vérole
fe communique, & l ’on n’a que trop d’exemples d’enfans
qui fo n t , même en naiflant, les viétimes de la débauche
de leurs parens. L e virus vénérien attaque les parties les
plus folides des os, & il paroît même agir avec plus de
force, & fe déterminer plus abondamment vers ces parties
les plus folides, qui font toûjours celles du milieu de la
longueur des os, caron fçait quebonification commence
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