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que ces parties qui puiffent arriver au fécond développement
, & par conféquent la reproduction ne fera ni auffi
facile ni auffi abondante dans ces efpèces, qu’elle i’eft
dans celles dont toutes les parties font femblables au tout;
mais auffi l’organifation de ces corps fera plus compofée
que celle des corps dont toutes les parties font femblables,
parce que le corps entier fera compofé de parties,
à la vérité toutes organiques, mais différemment organi-
fées, & plus il y aura dans le corps organifé de parties
différentes du tout, & différentes entr’elles, plus l’orga-
nifation de ce corps fera parfaite, & plus la reproduction
fera difficile.
Se nourrir,.fe développer & fe reproduire, font donc
•les effets d’une feule & même caufe ; le corps organifé fe
nourrit par les parties des alimens qui lui font analogues,
il fe développe par la fufeeption intime des parties organiques
qui lui conviennent, & il fe.reproduit, parce qu’il
fondent quelques parties organiques qui lui reffemblent.
Il rette maintenant à examiner fi ces parties organiques
qui lui reffemblent, font venues dans le corps organifé par
la nourriture, ou bien fi elles y étoient auparavant : fi nous
fuppofons qu’elles y étoient auparavant, nous retombons
dans le progrès à l ’infini des parties ou germes femblables
contenus les uns dans les autres, & nous avons.fait
voir l’infuffifance & les difficultés de cette hypothèfe^
ainfi nous penfons que les parties femblables au tout arrivent
au corps organifé par la nourriture, & il nous paraît
qu’on peut, après ce qui a été dit, concevoir la manière
dont
dont elles arrivent & dont les molécules organiques qui
doivent les former, peuvent fe réunir.
Il fe fait, comme nous l’avons d it, une féparation de
parties dans la nourriture ; celles qui ne font pas organiques,
& qui par conféquent ne font point analogues à
l ’animal ou au végétal, font rejetées hors du corps organifé
par la tranfpiration & par les autres voies excrétoires ;
celles qui font organiques relient & fervent au développement
& à la nourriture du corps organifé, mais dans ces
parties organiques il doit y avoir beaucoup de variété, &
des efpèces de parties organiques très-différentes les unes
des autres , & comme chaque partie du corps organifé
reçoit les efpèces qui lui conviennent le mieux, & dans
un nombre & une proportion affez égale, il eft très-naturel
d’imaginer que le fuperflu de cette matière organique
qui ne peut pas pénétrer les parties du corps organifé,
parce qu’elles ont reçu tout ce qu’elles pouvoient recevoir,
que ce fuperflu, dis-je, foit renvoyé de toutes les
parties du corps dans un ou plufieurs endroits communs,
où toutes ces molécules organiques fe trouvant réunies,
elles forment de petits corps organifez femblables au premier,
& auxquels il ne manque que les moyens de fe
développer ; car toutes les parties du corps organifé renvoyant
des parties organiques, femblables à celles dont
elles font elles-mêmes compofées, il eft néceffaire que
de la réunion de toutes ces parties il réfùlte un corps organifé
femblable au premier: cela étant entendu, ne peut-
on pas dire que c’eft par cette raifon que dans le temps de
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