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de végétaux ; mais une réflexion qui me paroît être bien
fondée, le fera peut-être mieux fentir.
Après avoir médité fur l’aétivité qu’a la Nature pour
produire des êtres organifez, après avoir vû que fapuif-
fance à cet égard n’eft pas bornée en elle-même, mais
qu’elle eft feulement arrêtée par des inconvéniens 8c des
obftacles extérieurs, après avoir reconnu qu’il doit exifter
une infinité de parties organiques vivantes qui doivent
produire le vivant, après avoir montré que le vivant eft
ce qui coûte le moins à la Nature, je cherche quelles font
les caufes principales de la mort & de la deflruétion, 8c
je vois qu’en général les êtres qui ont la puiflance de
convertir la matière en leur propre fubftance, & de s’affi-
miler les parties des autres êtres, font les plus grands
deftruéteurs. L e feu, par exemple, a tant d’activité qu’il
tourne en fa propre fubftance prefque toute la matière
qu’on lui préfente, il s’aflimile & fe rend propre toutes
les chofes combuftibles, auflï eft-ii le plus grand moyen
de deflruétion qui nous foit connu. Les animaux fem-
blent participer aux qualités de la flamme, leur chaleur
intérieure eft une efpèce de feu , auffi après la flamme
les animaux font les plus grands deftruéteurs, 8c ils affi-
milent 8c tournent en leur fubftance toutes les matières
qui peuvent leur fervir d’alimens; mais quoique ces deux
caufes de deflruétion foient très - confidérables, 8c que
leurs effets tendent perpétuellement à l’anéantiffement de
l ’organifation des êtres, la caufe qui la reproduit, eft infiniment
plus puiffante & plus,aétive , 8c il femble qu’elle
emprunte
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emprunte de la deflruétion même, des moyens pour
opérer la reproduétion, puifque l ’affimilation qui eft une
caufe de mort, eft en même temps un moyen néceffaire
pour produire le vivant.
Détruire un être organifé, n’eft, comme nous l ’avons
dit, que féparer les parties organiques dont il eft compofé,
ces mêmes parties reftentféparées jufqu’à ce qu’elles foient
réunies par quelque puiflance aétive; mais quelle eft cette
puiflance f celle que les animaux 8c les végétaux ont, de
s’afïïmiler la matière qui leur fert de nourriture, n’eft-elle
pas la même, ou du moins n’a -1 -e lle pas beaucoup de
rapport avec celle qui doit opérer la reproduétion l
C H A P I T R E I I I .
D e la nutrition é f du développement.
L e corps d’un animal eft une efpèce de moule intérieur,
dans lequel la matière qui fert à fon accroiffement fe
modèle & s’affimile au total ; de manière que fans qu’il
arrive aucun changement à l’ordre & à la proportion des
parties, il en réfulte cependant une augmentation dans
chaque partie prife féparément, & c ’eft cette augmentation
de.volume qu’on appelle développement, parce qu’on a
cru en rendre raifon en difant que l’animal étant formé en
petit comme.il l’eft en grand, il n’étoit pas difficile de
concevoir quefes partiesfe développoientà mefure qu’une
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