on t, comme les mâles, une liqueur féminale. Nous ne
pouvons guère douter, après tout ce que nous avons dit,
que la liqueur féminale en général ne foit le fuperflu
de la nourriture organique, qui eft renvoyé de toutes les
parties du corps dans les tefticules & les véficules fémi-
nales des mâles , & dans les tefticules & la cavité des
corps glanduleux des femelles : cette liqueur qui fort par
le mamelon des corps glanduleux, arrofe continuellement
les cornes de la matrice de la femelle, & peut aifément y
pénétrer, foit par la fuétion du tiflu même de ces cornes
qui, quoique membraneux né faiflepas d’être fpongieux,
foit par la petite ouverture qui eft à l ’extrémité fupérieure
des cornes, & il n’y a aucune difficulté à concevoir comment
cette liqueur peut entrer dans la matrice ; au lieu que
dans la ftippofition que les véficules de l’ovaire étoient
des oeufs qui fe détachoient de l ’ovaire, on n’a jamais
pû comprendre comment ces prétendus oeufs, qui étoient
dix ou vingt fois plus gros que l’ouverture des cornes de
la matrice n’étoit large, pouvoient y entrer, & on a vû
que Graaf, auteur de ce fyftème des oeufs, étoit obligé
de ffippofer, ou plûtôt d’avouer, que quand ils étoient
defcendus dans la matrice, ils étoient devenus dix fois
plus petits qu’ils ne le font dans l’ovaire.
La liqueur que les femmes répandent lorfqu’elles font
excitées, & qui fo rt, félon Graaf, des lacunes qui font
autour du col de la matrice & autour de l’orifice extérieur
de l’urètre, pourrait bien être une portion fur-abondante
de la liqueur féminale qui diftille continuellement des
corps
corps glanduleux du tefticule fur les trompes de la matrice,
& qui peut y entrer directement toutes les fois que
le pavillon fe relève & s’approche du tefticule, maispeut-
etre auffi cette liqueur eft-elle une fécrétion d’un autre
genre & tout-à-fait inutile à la génération ! II aurait fallu,
pour décider cette queftion, faire des obfervations au
microfcope fur cette liqueur, mais toutes les expériences
ne font pas permifes, même aux Philofophes : tout ce que
je puis dire, c ’eft que je fuis fort porté à croire qu’on y
trouverait les mêmes corps en mouvement, les mêmes
animaux Ipermatiques, que l’on trouve dans la liqueur du
corps glanduleux ; & je puis citer à ce fujet un Docteur
Italien, qui s’eftpermis de faire avec attention cette efpèce
d obfervation, que Valifnieri rapporte en ces termes ( tom.
2, P* 136, 1 col.) Aggiugne illodatojïg. Bono d ’averghanca
veduti ( animait fpermatià) inquejfa linfa o jîero, dïro cofivalut
tuofo, che nel tempo d e lf amorofa luffafeappa dalle fernine
libïdinofe,fen7a che f i poteffe fofpettare che foffero di que’ del
mafehio, érc. Si le fait eft vrai, comme je n’en doute pas,
il eft certain que cette liqueur que les femmes répandent,
eft la même que celle qui fe trouve dans la cavité des corps
glanduleux de leurs tefticules, & que par confisquent c ’eft:
de la liqueur vraiment féminale ; & quoique les Anato-
miftes n’aient pas découvert de communication entre les
lacunes de Graaf & les tefticules, cela n’empêche pas que
la liqueur féminale des tefticules étant une fois dans la matrice,
où elle peut entrer, comme je l’ai dit ci-deiïiis, elle
ne puifle en fortir par ces petites ouvertures ou lacunes qui
Tome I I . P p