violet; les joues fe colorent, la tête eft pefante & doulou-
reufe, & en générai tout le corps eft dans un état d’accablement
caufé par la furcharge du fang.
C ’eft ordinairement à l’âge de puberté que le corps
achève de prendre fon accroiïïement en hauteur | les
jeunes géns grandiflent prefque tout-à-coup de plufieurs
pouces , mais de toutes les parties du corps celles où
l ’accroiflement eft le plus prompt & le plus fenfible, font
les parties de la génération dans l ’un & l ’autre sèxe ;
mais cet accroiflement n’eft dans les mâles qu’un développement,
une augmentation de volume, au lieu que
dans les femelles il produit fouvent un rétréciflement
auquel on a donné différens noms lorfqu’on a parlé des
fignes de la virginité,
Les hommes jaloux des primautés en tout genre, ont
toujours fait grand cas de tout ce qu’ils ont cru pouvoir
pofleder exclufivement & les premiers; c ’eft cette elpèce
de folie qui a fait un être réel de la virginité des filles. La
virginité qui eft un être moral, une vertu qui ne confifte
que dans la pureté du coeur, eft devenue un objet phyfi-
que dont tous les hommes fe font occupez; ils ont établi
fur cela des opinions, des ufages, des cérémonies, des
fuperftitions, & même des jugemens & des peines; les
abus les plus illicites, les coûtumes les plus deshonnêtes,
ont été autorifez; on a fournis à l ’examen de matrones
ignorantes, & expofé aux yeux de Médecins prévenus, les
parties les plus fecrètes de la Nature, fans fonger qu’une
pareille indécence eft un attentat contre la virginité, que
c eft la violer que de chercher à la reconnoître, que toute
fituation honteufe, tout état indécent dont une fille eft
obligée de rougir intérieurement, eft une vraie défloration.
Je n’efpère pas réuflir à détruire les préjugés ridicules
qu’on s’eft formez fur ce fujet; les chofes qui font plaifirà
croire, feront toujours crues, quelque vaines'& quelque
déraifonnables qu’elles puiflent être, cependant comme
dans une hiftoire on rapporte non feulement la fuite des
événemens & les circonftances des faits, mais aufli l ’origine
des opinions & des erreurs dominantes, j’ai cru que
dans l’Hiftoire de l’Homme je ne pourrais me dilpenfer
de parler de l ’idole favorite à laquelle il facrifie, d’examiner
quelles peuvent être les raifons de fon culte, & de
rechercher fi la virginité eft un être réel, ou fi ce n’eft
qu’une divinité fabuleufe.
Falloppe, Vefale, Diemerbroek, Riolan, Bartholin,
Heifter, Ruifch & quelques autres anatomiftes prétendent
que la membrane de l’hymen eft une partie réellement
exiftante, qui doit êtremife au nombre des parties
de la génération des femmes, & ils difent que cette
membrane eft charnue, qu’elle eft fort mince dans les
enfiins, plus épaifle dans les filles adultes-, qu’elle eft
fituée au deflous de l ’orifice de l ’urètre, qu’elle ferme
en partie l’entrée du vagin, que cette membrane eft percée
d ’une ouverture ronde, quelquefois longue, &c. que l’on
pourrait à peine y faire palier un pois dans l ’enfance,
&. une grofle fève dans l ’âge de puberté. L ’hymen, félon