des parties du corps de l’animal, prendront naturellement
la même pofition, & fe difpoferont dans le même ordre
qu’elles avoient lorfqu’elles ont été renvoyées de ces
parties, par conféquent ces molécules formeront nécef-
làirement un petit être organifé,femblab!e en tout à 1 animal
dont elles font l’extrait.
On doit obferver que ce mélange des molécules
organiques des deux individus, contient des parties fem-
blables & des parties différentes ; les parties femblables
font les molécules qui ont été extraites de toutes les.
parties communes aux deux sexes ; les parties différentes
ne font que celtes qui ont été extraites des parties par
lefquelles le mâle diffère de la femelle ; ainfi il y a dans,
ce mélange le double des molécules organiques pour
former,- par exemple, la tête ou le coeur, ou telle autre
partie commune aux deux individus, au lieu qu il n y a
que ce qu’il faut pour former les parties du -sexe : or les
parties femblables, comme le font les molécules organiques
des parties communes aux deux individus, peuvent
agir les unes fur les autres fans fe déranger, & fe raffèmbler,
comme fi elles avoient été extraites du même corps ; mais
les parties diffèmblables, comme le font les molécules organiques
des parties fexuelles, ne peuvent agir les unes fur
les autres, ni fe mêler intimement, parce qu’elles ne font
pas femblables , dès - lors ces parties feules conferve-
ront leur nature fans mélange, & fe fixeront d’elles-mêmes
les premières , fans avoir befoin d’être pénétrées par
les autres; ainfi les molécules organiques qui proviennent
des parties fexuelles, feront les premières fixées, & toutes
les autres qui font communes aux deux individus, fe fixeront
enfuite indifféremment & indiflinélement, foit celles
du mâle, foit celles de la femelle, ce qui formera un être
organifé qui reffèmblera parfaitement à fon père fi c ’efl
un mâle, & à fà mère fi c ’efl une femelle, par ces parties
fexuelles, mais qui pourra reffèmbler à l’un ou à l ’autre,
ou à tous deux, par toutes les autres parties du corps.
' Il me femble que cela étant bien entendu, nous pouvons
en tirer l’explication d’une très-grande queflion,dont nous
avons dit quelque chofe au chapitre V , dans l’endroit
où nous avons rapporté le fentiment d’Ariflote au fujet
de la génération : cette queflion efl de fçavoir pourquoi
chaque individu mâle ou femelle ne produit pas tout feul
fon femblable. Il faut avouer, comme je l ’ai déjà dit, que
pour quiconque approfondira la matière de la génération
& fe donnera la peine de lire avec attention tout ce que
mous en avons dit jufqu’ici, il ne refiera d’obfcurité qu’à
l ’égard de cette queflion, fur-tout lorfqu’on aura bien
■ compris la théorie que j’établis ; & quoique cette efpèce de
difficulté ne foit pas réelle ni particulière à mon fyflème,
& qu’elle foit générale pour toutes les autres explications
qu’on a voulu, ou qu’on voudrait encore donner de la
génération, cependant je n’ai pas cru devoir la diffimuler,
d ’autant plus que dans la recherche de la vérité , la première
règle de conduite efl d’être de bonne foi avec foi-
même. Je dois donc dire qu’ayant réfléchi fur ce fujet,
auffi long-temps & auffi mûrement qu’il l’exige, j’ai cru
T t i j