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Académie (page 2^ SJ une obfervation d’un Chirurgien
qui dit avoir trouvé dans ie fcrotum d’un homme, une
mafle de la figure d’un enfant enfermé dans les membranes;
on y diftinguoit la tête , les pieds , les yeux , des os
& des cartilages. Si toutes ces obfervations ctoient également
vraies , il faudrait néceffairement choifir entre les
deux hypothèfes fuivantes, ou que la liqueur féminale de
chaque sèxe ne jffeut rien produire toute feule & fans
être mêlée avec celle de l’autre sèxe, ou que cette liqueur
peut produire toute feule des maffes irrégulières, quoique
organifées ; en fe tenant à la première hypothèfe, on
ferait obligé d’admettre, pour expliquer tous les faits que
nous venons de rapporter, que la liqueur du mâle peut
quelquefois monter jufqu’au tefticuie de la femelle, & y
former, en fe mêlant avec la liqueur féminale de la femelle;
des corps organifez ; & de même, que quelquefois la
liqueur féminale de la femelle peut, en fe répandant avec
abondance dans le vagin, pénétrer dans le temps de la
copulation jufque dans le fcrotum du mâle, à peu près
comme le virus vénérien y pénètre fbuvent.; & que dans
ces cas, qui fans doute feraient auffi fort rares, il peut fe
former un corps organifé dans le fcrotum, parle mélange
de cette liqueur féminale de la femelle avec celle du
mâle, dont une partie qui étoit dans l’urètre aura re-
broufle chemin, & fera parvenue avec eellfe de la femelle
jufque dans le fcrotum; ou bien, fi l’on admet l’autre
hypothèfe qui me paraît plus vrai-femblable, & qu’on
fuppofe que la liqueur féminale de chaque individu ne
peut
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peut pas à la vérité produire toute feule un animal, un
foetus, mais qu’elle püiffe produire des maffes organifées
lorfqu’elle fe trouve dans des lieux où fes particules
aélives peuvent en quelque façon fe réunir, & où le
produit de cette réunion peut trouver de la nourriture,
alors on pourra dire que toutes çes productions offeufes,
charnues, chevelues, dans les tëfhcules des femelles &
dans le fcrotum des mâles, peuvent tirer leur origine de
la feule liqueur de l ’individu dans lequel elles fe trouvent.
Mais c’eft affez s’arrêter fur des obfervations dont les
faits me paroiffent plus incertains qu’inexplicables, car
j’avoue que je fuis très-porté à imaginer que dans de certaines
circonflances & dans de certains états la liqueur
féminale d’un individu mâle ou femelle, peut feule produire
quelque chofe. Je ferais, par exemple, fort tenté
de croire que les filles peuvent faire des moles lans avoir
eu de communication avec le mâle, comme les poules
font des oeufs fans avoir vû le c o q , je pourrais appuyer
cette opinion de plufieurs obfervations qui me paroiffent
au moins auffi certaines que celles que je viens de citer,
& je me rappelle que M. de la Saône Médecin & Ana-
mifle de l’Académie des Sciences, a fait un Mémoires
fur ce fujet, dans lequel il affure que des Religieufes bien
cloîtrées avoient fait des moles ; pourquoi cela ferait-il
impoffible, puifque les poules font des oeufs fans com^
munication avec le c o q , & que dans la cicatricule de;
ces oeufs on voit, au lieu d’un poulet, une mole avec?
des appendices ! l’analogie me paraît avoir affez de force
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