Cette remarque paroît confirmer ce que nous avons dit
ci-devant dans le chapitre du développement du foetus » au:
fujet de la manière dont il fe nourrit ; nous avons infinué
que ce devoit être par intuffufception, & qu’il ne prenoit
aucune nourriture par fa bouche ; ceci femble prouver que
l ’eftomac & les inteftins ne font aucune fonction dans le
foetus, du moins aucune fonction femblable à celles qui
s’opèrent dans la fuite lorfque la rcfpiration a commencé
à donner du mouvement au diaphragme & à toutes les parties
intérieures fur lefquelles il peut agir, puifque ce n’eft
qu’alors que fe fait la digeftion & le mélange de la bile &
du fuc pancréatique avec la nourriture que l’eftomac laifle
paffer aux inteftins ; ainfi quoique la fécrétion de la bile &
du fuc du pancréas fe fafle dans le foetus, ces liqueurs
demeurent alors dans leurs .réfervoirs & ne paffent point
dans les inteftins, parce qu’ils font, aufïï-bien que l’eftomac
, fans mouvement & fans a d io n , par rapport à la
nourriture ou aux excrémens qu’ils peuvent contenir.
On ne fait pas teter l’enfant aufti-tôt qu’il eft né , on
lui donne auparavant le temps de rendre la liqueur & les
glaires qui font dans fon eftomac, & le méconium qui eft
dans fes inteftins : ces matières pourraient faire aigrir le
lait & produire un mauvais effet, ainfi on commence par
lui faire avaler un peu de vin fucré pour fortifier fon
eftomac & procurer les évacuations qui doivent le dif-
pofer à recevoir de la nourriture & à la digérer ; c-e n’eft
que dix ou douze heures après la naiffance qu’il doit teter
pour la première fois.
A peine
A peine 1 enfant eft-il forti du fein défit mère, à peine
jouit-il delaliberté de mouvoir &. d’étendre fes membres,
qu on lui donne de nouveaux liens, on l’emmaillotte,
on le couche la tête fixe & les jambes alongées, les bras
pendans à côté du corps, il eft entouré de linges & de
.bandages de toute efpèce qui ne lui permettent pas de
changer de fituation ; heureux ! fi on ne l’a pas ferré au
point de 1 empecher de refpirer, & fi on a eu la précaution
de le coucher fur le cote , afin que les eaux qu’il doit
.rendre par la bouche, puiffent tomber d’elles - mêmes,
car il n aurait pas la liberté de tourner la tête fur le côté
pour en faciliter 1 écoulement. Les peuples qui fe contentent
de couvrir ou de vêtir leurs enfans fans les mettre
au maillot, ne font-ils pas mieux que nous ! les Siamois,
les Japonois, les Indiens, les Nègres, fes Sauvages du
Canada, ceux de Virginie, du jBrefil, Sc la plupart des
peuples de la partie méridionale de l’Amérique, couchent
les enfans nuds fur des lits de coton fufpendus, ou
les mettent dans des efpèces de berceaux couverts Sc
garnis de pelleteries. Je crois que ces ufages ne font pas
fujets à autant d’inconvénièns que'le nôtre ; on ne peut pas
éviter, en emmaillottant les enfans, de les gêner au point
de leur faire reffentir de fa douleur ; les efforts qu’ils font
pour fe débarraffer , font plus capables de corrompre
l ’affemblage de leur corps , que les mauvaifes fituations
où ils pourraient fe mettre eux - mêmes s’ils étoient en
liberté. Les bandages du maillot peuvent être comparez
aux corps que l ’on fait porter aux filles dans leurjeuneffe;
Tome I I . Mmm