D e ces expériences Graaf conclut que toutes les femelles
vivipares ont des oeufs, que ces oeufs font contenus
dans les tefticules qu’il appelle ovaires, qu’ils ne peuvent
s’en détacher qu’après avoir été fécondez par lafemence
du mâle, & il dit qu’on fe trompe lorfqu’on croit que
dans les femmes &le s filles il fe détache très-fouvent des
oeufs de l ’ovaire: il paroît perfuadé que jamais les oeufs
ne fe féparent de l’ovaire qu’après leur fécondation par
la liqueur féminale du mâle, ou plutôt par l’elprit de cette
liqueur, parce que, d it- il, la fubftance glanduleufe, au
moven de laquelle les oeufs fortent de leurs follécules,
n’eft produite qu’après une copulation qui doit avoir été
féconde. Il prétend auflî que tous ceux qui ont cru avoir
vû des oeufs de deux ou trois jours déjà gro s, fe font
trompez, parce que les oeufs, félon lui, relient plus
de temps dans l’ovaire, quoique fécondez, & qu’au lieu
d’augmenter d’abord, ils diminuent au contraire jufqu’à
devenir dix fois plus petits qu’ils n’étoient, & que ce
n’efl que quand ils font defceridus des ovaires dans la
matrice, qu’ils commencent à reprendre de l’accroiffe-
ment.
En comparant ces obfervations avec celles de Harvey
on reconnoîtra aifément que les premiers & principaux
faits lui avoient échappé, & quoiqu’il y aitplufieurs erreurs
dans les raifonnemens & plufieurs fautes dans les expériences
de Graaf, cependant cet Anatomifte, aulfi-bien
que Malpighi, ont tous deux mieux vû que Harvey, ils
font affez d’accord fur le fond des obfervations, & tous
deux ils font contraires à Harvey; celui-ci ne s’eft pas
aperçu des altérations qui arrivent à l’ovaire, il n’a pas vû
dans la matrice les petits globules qui contiennent l’oeuvre
de la génération, & que Graaf appelle des oeufs, il
n’a pas même foupçonné que le foetus pouvoit être tout
entier dans cet oeuf, & quoique fes expériences nous
donnent affez exactement ce qui arrive dans le temps de
l ’accroiffement du foetus, elles ne nous apprennent rien ,
ni du moment de la fécondation, ni du premier développement.
Schrader, Médecin Hoilandois, qui a fait un
extrait fort ample du livre de Harvey, & qui avoit une
grande vénération pour cet Anatomifte, avoue lui-même
qu’il ne faut pas s’en fier à Harvey fur beaucoup de chofes,
& fur-tout fur ce qu’il dit des premiers temps de la fécondation
, & qu’en effet le poulet eft dans l’oeuf avant l ’incubation
, & que c ’eft Jofeph de Aromatariis qui l ’a obforvé
le premier, & c. V oyez Obf. Jujli Schradcri, Amjl. 1 674, itt
■ proefatione. Au relie quoique Harvey ait prétendu que tous-
les animaux venoient d’un oeuf, il n’a pas cru que les
tefticules des femmes continfferit des oeufs, ce n’eft que
par une comparaifon du fac qu’ il croyoit avoir vû fe former
dans la matrice des vivipares, avec le revêtement &
l ’accroiffement des oeufs dans celle des ovipares, qu’il a
dit que tous venoient d’un oeuf, & il n’a fait que répéter
à cet égard ce qu’Ariftote avoit dit avant lui. L e premier
qui ait découvert les prétendus oeufs dans les ovaires des1
femelles, eft Stenon; dans la diffeélion qu’il fit d ’un chien
de mer femelle il vit, dit-il, des oeufs dans les tefticules,,