dans le C , le D , le G , Y L , VN, le Q , Y R , Y SSl le T;
il faut pour articuler Y F un fon continué plus long-temps
que pour les autres confonnes ; ainfi de toutes les voyelles
Y A eft la plus aifée, 6t de toutes les confonnes le B , le P
& YM font auffi les plus faciles à articuler^, il n’eft donc
pas étonnant que les premiers mots que les enfans prononcent,
foient compofez de cette voyelle & de ces confonnes,
& l ’on doit ceffer d’être furpris de ce que dans
toutes les langues & chez tous les peuples les enfans commencent
toujours par bégayer Baba, Marna, Papa, ces
mots ne font, pour ainfi dire, que les fons les plus naturels
à l ’homme, parce qu’ils font les plus aifez à articuler ; les
lettres qui les compofent, ou plutôt les caraétères qui les
repréfontent, doivent exifter chez tous les peuples qui ont
l ’écriture ou d’autres fignes pour repréfenter les fons.
On doit feulement obferver que les fons de quelques
confonnes étant à peu près femblables, comme celui du
B & du P , celui du C & de Y S , ou du K ou Q dans
de certains ca s , celui du Z) & du T , celui de Y F &
de l ’Fconfonne*celui du G & de IV confonne ou du G 6c
du K , celui de Y L & de Y R , il doit y avoir beaucoup de
langues où ces différentes confonnes ne fe trouvent pas,
mais il y aura toûjours un B ou un P , un C ou une S , un C
ou bien un K ou un Q dans d’autres cas, un D ou un T ,
une P o u un V confonne, un G ou un ƒ confonne, une L
ou une R , & il ne peut guère y avoir moins defix ou fept
confonnes dans le plus petit de tous les alphabets, parce
que ces fix ou fept fons ne fuppofent pas des mouvemens
bien compliquez, & qu’ils font tous très-fenfiblement dif-
férens entre eux. Les enfans qui n’articulent pas aifément
Y R , y fubftituent L , au lieu du T ils articulent le D , parce
qu’en effet ces premières lettres fuppofent dans les organes
des mouvemens plus difficiles que les dernières ; &
c ’eff de cette différence & du choix des confonnes plus
ou moins difficiles à exprimer, que vient la douceur ou
la dureté d’une langue, mais il eft inutile de nous étendre
fur ce fujet.
Il y a des-, enfans qui à deux ans prononcent diftinéle-
ment & répètent tout ce qu’on leur dit, mais la plupart
ne parlent qu’à deux ans & demi, & très-fouvent beaucoup
plus tard ; on remarque que ceux qui commencent
à parler fort tard, ne parlent jamais auffi aifément que les
autres; ceux qui parlent de bonne heure, font en état
d’apprendre à lire avant trois ans ; j’en ai connu quelques-
uns qui avoient commencé à apprendre à lire à deux ans,
qui lifoient à merveille à quatre ans. Au refte on ne peut
guère décider s’il eft fort utile d’inftruire les enfans d’auffi
bonne heure, on a tant d’exemples du peu de fuccès de ces
éducations prématurées , on a vû tant de prodiges de quatre
ans, de huit ans, de douze ans, defeizeans, qui n’ont été
que des fots ou des hommes fort communs à vingt-cinq
ou a trente ans, qu on foroit porté à croire que la meilleure
de toutes les éducations eft celle qui eft la plus ordinaire,
celle par laquelle on ne force pas la Nature, celle qui eft
la moins» févère, celle qui eft la plus proportionnée, je ne
dis pas aux forces, mais à. la foibleffe de l ’enfant.
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