à cet aCte n’exifte pas, 6c lorfque les poiffons males
s’approchent de fi près de la femelle, ce n’eft que pour
répandre la liqueur contenue dans leurs laites fur les oeufs
que la femelle laiffe couler alors; il femble que ce foient
les oeufs qui les attirent plutôt que la femelle, car fi elle
ceffe de jeter des oeufs, le mâle l’abandonne & fuît avec
ardeur les oeufs que le courant emporte, ou que le vent
difperfe ; on le voit paffer Sc repaffer cent fois dans t-ous les
endroits où il y a des oeufs : ce n’efl fûrement pas pour
l ’amour de la mère qu’il fe donne tous ces mouvemens,
il n’efl: pas à préfbmer qu’il la connoiffe toujours, car on
le voit répandre fa liqueur fur tous les oeufs qu’il rencontre,
6c fouvent avant que d’avoir rencontré la femelle.
Il y a donc des animaux qui ont des sèxes & des parties
propres à la copulation, d ’autres qui ont aufli des sèxes
6c qui manquent des parties néceflaires à la copulation ;
d’autres, comme les limaçons, ont des parties propres
à la copulation , & ont en même temps les deux sèxes ;
d ’autres, comme les pucerons, n’ont point de sèxe, font
également pères ou mères, & engendrent d’eux-mêmes
& fans copulation, quoiqu’ils s’accouplent aufli quand il
leur plaît, fans qu’on puiffe fçavoirtrop pourquoi, ou, pour
mieux dire, fans qu’on puiffefçavoir fi cet accouplement
eft une conjonction de fexes, puifqu’ils en paroiffent tous
également privez ou également pourvûs ; à moins qu’on
ne veuille fuppofer que la Nature a voulu renfermer dans
l ’individu de cette petite bête plus de facultés pour la génération
que dans aucune autre efpèce d’animal, & qu’elle
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lui aura accordé non feulement fa puifTance de fe reproduire
tout feul, mais encore le moyen de pouvoir aufli
fè multiplier par la communication d’un autre individu.
Mais de quelque façon que la génération s’opère dans
les différentes efpèces d’animaux, il paraît que la Nature
la prépare par une nouvelle production dans le corps de
1 animal ; foit que cette production fe manifefteau dehors
fbit qu’elle refte cachée dans l ’intérieur, elle précède
toujours la génération, car fi l’on examine les ovaires des
ovipares & les tefticules des femelles vivipares, on recon-
noîtra qu’avant l’imprégnation des unés & la fécondation
des autres, il arrive un changement confidérable à ces
parties, & qu’il fe forme des productions nouvelles dans
tous les animaux, lorfqu’ils arrivent au temps où ils doivent
fè multiplier. Les ovipares produifent des oeufs, qui d’abord
font attachez à l ’ovaire, qui peu à peu grofliffent 6c s’en
détachent, pour fe revêtir enfuite dans le canal qui les
contient, du blanc, de leurs membranes & de la coquille.
Cette production eft une marque non équivoque de la
fécondité de la femelle, marque qui la précède toujours,
6c fans laquelle la génération ne peut être opérée. D e même
dans les femelles vivipares il y a fur les tefticules un ou
plufieurs corps glanduleux, qui croiffent peu à peu au
deffous de la membrane qui enveloppe le tefticuie ; ces
corps glanduleux grofliffent, s’élèvent, percent, ouplûtôt
pouffent &foûlèvent la membrane qui leur eft commune
avec le tefticuie ; ils fortent à l’extérieur, 6c lorfqu’ils font
entièrement formez & que leur maturitéeft parfaite, ilfe fait
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