168 H i s t o i r e N a tu r e l l e .
Anatomifles & les Phyficiens au fujet de la génération, il
me refte à expofer ce que mes propres recherches &
mes expériences m’ont appris de nouveau; on jugera fi
le fyftème que j’ai donné, n’approche pas infiniment plus
de celui de la Nature, qu’aucun de ceux dont je viens de
rendre compte.
A u jardin du Roy, le (Tfévrier iy/j-tT.
C H A P I T R E V I .
Expériences au fu je t de la génération.
JE réfléchiflbis fouvent fur les fÿftèmes que je viens
d’expofer, & je meconfirmois tous les jours de plus en
plus dans l ’opinion que ma théorie étoit infiniment plus
vrai-femblable qu’aucun de ces fÿftèmes; je commençai
dès-lors à foupçonner que je pourrais peut-être parvenir
à reconnoître les parties organiques vivantes, dont je pen-
fois que tous les animaux & les végétaux tiraient leur origine
; mon premier foupçon fut que les animaux fperma-
tiques qu’on voyoit dans la femence de tous les mâles,.
pouvoient bien n’être que ces parties organiques, & voici
comment je raifonnois. Si tous les animaux & les végétaux
contiennent une infinité de parties organiques vivantes,
on doit trouver ces mêmes parties organiques dans leur
lèmence, & on doit les y trouver en bien plus grande
quantité que dans aucune autre fubfiance, fort animale,
foit végétale, parce que la femence n’étant que l ’extrait de
tout
tout ce qu’il y a de plus analogue à l ’individu & de plus
organique, elle doit contenir un très-grand nombre de
molécules organiques, & les animalcules qu’on voit dans
la femence des mâles nç font peut-être que ces mêmes
molécules organiques vivantes, ou du moins ils ne font
que la première réunion ou le premier affemblage de ces
molécules; mais fi cela eft, la femence de la femelle doit
contenir, comme celle du mâle, des molécules organiques
vivantes & à peu près femblables à celles du mâle, &
l ’on doit par conféquent y trouver, comme dans celle du
mâle, des corps en mouvement, des animaux fpermatiques;
& de même, puifque les parties organiques vivantes font
communes aux animaux & aux végétaux, on doit auffi les
trouver dans lesfemences des plantes, dans le neétareum ,
dans les étamines, qui font les parties les plus fubfiantielles
de la plante, & qui contiennent les molécules organiques
néceffaires à la reproduction. Je fongeai donc férieufe-
ment à examiner au microfcope les liqueurs féminales des
mâles & des femelles, & les germes des plantes, & je fis
fur cela un plan d’expériences : je penfai en même temps
que le réfervoir de la femence des femelles pouvoit bien
être la cavité du corps glanduleux, dans laquelle Valifnieri
& les autres avoient inutilement cherché l ’oeuf : après
avoir réfléchi fur ces idées pendant plus d ’un an, il me
parut qu’elles étoient allez fondées pour mériter d’être
fuivies; enfin je me déterminai à entreprendre une fuite
d obfervations & d’expériences qui demandoit beaucoup
de temps. J ’avois fait connoiflànce avec M. Needham,.
Tome II. y