Les femmes qui ont fait plufieurs enfans, affurent
prefque toutes que les femelles naiflent plus tard que les
mâles; fi cela eft, on ne devrait pas être furprîs de voir
naître des enfans à dix mois, fur-tout des femelles. Lorf-
que les enfans viennent avant neuf mois, ils ne font pas
auffi gros ni auffi formez que les autres; ceux au contraire
qui ne viennent qu’à dix mois, ou plus tard, ont le corps
lènfiblement plus gros & mieux formé que ne i’eft ordinairement
celui des nouveaux-nez; les cheveux font plus
longs, raccroiffement des dents, quoique cachées fous
les gencives, eft plus avancé, le fon de la voix eft plus
net, & le ton en eft plus grave qu’aux enfans de neuf
mois. On pourrait reconnoître à l ’infpeétion du nouveau-
né , de combien la naiflànce aurait été retardée, fi les
proportions du corps de tous les enfans de neuf mois
étoient femblables, & fi les progrès .de leuraceroiflement
étoient réglez; mais le volume du corps & fon accroifl'e-
ment varient félon le tempérament de la mère & celui
de l’enfànt , ainfi tel enfant pourra naître à dix ou onze
mois, qui ne fera pas plus avancé qu’un autre qui fera né
à neuf mois.
Il y a beaucoup d’incertitude fiir les caufes occafionnelles
de l ’accoûchement, & l ’on nefçaitpas trop ce qui peut
obliger le foetus à fortir de la matrice ; les uns penfent que
le foetus ayant acquis une certaine grofleur, la capacité de
la matrice fe trouve trop étroite pour qu’il puifle y demeurer,
& que la contrainte où il fe trouve, l’oblige à
faire des efforts pour fortir de là prifon ; d’autres difent,
& cela
Sc cela revient a peu près au même , que c ’eft le poids
du foetus qui devient fi fort que la matrice s’en trouve
furcliargée, & qu’elle eft forcée de s’ouvrir pour s’en
délivrer. Ces raifons ne me paroiflent pas fatisfaifàntes ;
là matricea toujours plus de capacité & de réfiftance qu’il
n’en faut pour contenir un foetus de neuf mois & pour
en foutenir le poids, puifque louvent elle en contient'
deux, & qu il eft certain que le poids & la grandeur de
deux jumeaux de huit mois; par exemple, font plus con-
fidérables que le poids & la grandeur d’un feul enfant de
neuf mois ; d ailleurs il arrive louvent que l ’enfant de
neuf mois qui vient au monde, eft plus petit que le foetus
de huit m ois, qui cependant refte dans la matrice,
j Galien a prétendu que le foetus demeurait dans la matrice
jufqu a ce qu il fût allez forme pour pouvoir prendre
la nourriture par la bouche, & qu’il ne fortoit que par le
befoin de nourriture, auquel il nepouvoitfatisfàire. D ’autres
Ont dit que le foetus fe nourriffbit par la bouche , de
la liqueur meme de lamnios, & que cette liqueur qui
dans les commencemens eft une lymphe nourricière, peut
s altérer fur la fin de lagro flefle parle mélange de la tranfi-
piration ou de l ’urine du foetus , & que quand elle eft
altérée à un certain point, le foetus s’en dégoûte & ne
peut plus s’en nourrir, ce qui l ’oblige à faire des efforts
pour fortir de fon enveloppe & de la matrice. Ces raifons
ne me paroiffent pas meilleures que les premières , car
il s’enfuivroit d e - là que les foetus les plus foibles & les
plus petits relieraient néceflairement dans le fein de fe
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