la voix & les parties de la génération, le reconnoît non
feulement dans les eunuques, mais aulfi dans les autres
hommes, & même dans les femmes ; la voix change dans
les hommes à l’âge de puberté, & les femmes qui ont la
voix forte, font loupçonnées d’avoir plus de penchant à
l ’amour, &c.
L e premier figne de la puberté eft une efpèce d’en-
gourdilfement aux aines, qui devient plus fenfible lorf-
que 1 on marche ou lorfque 1 on plie le corps en avant;
fouvent cet engourdiffement eft accompagné de douleurs
allez vives dans toutes les jointures des membres, ceci
arrive prefque toûjours aux jeunes gens qui tiennent un
peu du rachitifme , tous ont éprouvé auparavant, ou
éprouvent en même temps une fenfation jufqu’alors inconnue
dans les parties qui caraélérifent le sèxe , il s’y
élève une quantité de petites proéminences d’une couleur
blancheatre, ces petits boutons font les germes d’une
nouvelle produétion , de cette efpèce de cheveux qui
doivent voiler ces parties; le fon de la voix change, il
devient rauque & inégal pendant un efpace de temps alfez
long, après lequel il fe trouve plus plein, plus alTuré, plus
fort & plus grave qu’il n’étoit auparavant; ce changement
eft très-fenfible dans les garçons , & s’il l ’eft moins dans
les filles, c ’eft parce que le fon de leur voix eft naturellement
plus aigu.
Ces fignes de puberté font communs aux deux sèxes,
mais il y en a de particuliers à chacun ; l ’éruption des
menftrues, 1 accroifïement du fein pour les femmes; la
barbe
barbe & 1 émiflïon de la liqueur féminale pour les hommes
: il eft wai que ces fignes ne font pas aulfi conftans
les uns que les autres, la barbe, par exemple, ne paraît pas
toûjours precifément au temps de la puberté, il y a même
des nations entières où les hommes n’ont prefque point
de barbe, & il n y a au contraire aucun peuple chez qui
la puberté des femmes ne foit marquée par l ’accroiffement
des mamelles.
Dans toute 1 efpèce humaine les femmes arrivent à la
puberte plutôt que les mâles, mais chez les différens peuples
l ’âge de puberté eft different & femble dépendre en
partie de la température du climat & de la qualité des
alimens ; dans les villes & chez les gens aifez les enfans
accoutumez à des nourritures fucculentes & abondantes
arrivent plûtôt à cet état, à la campagne & dans le pauvre
peuple les enfans font plus tardifs, parce qu’ils font mal
& trop peu nourris, il leur faut deux ou trois années de
plus, dans toutes les parties méridionales de l’Europe &
dans les villes la plûpart des filles font pubères à douze
ans & les garçons à quatorze, mais dans les provinces du
Nord & dans les campagnes à peine les filles le font-elles
à quatorze & les garçons à feize.
Si 1 on demande pourquoi les filles arrivent plûtôt à
1 état de puberte que les garçons, & pourquoi dans tous les
climats, froids ou chauds, les femmes peuvent engendrer
de meilleure heure que les hommes ; nous croyons pouvoir
fatisfaire à cette queftion en répondant que comme
les hommes font beaucoup plus grands & plus forts que
Tome I L Q q q