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pour qu’on puiffe au moins douter & fufpendre fon jugement.
Quoi qu’il en fo it, il eft certain qu’il faut le mélange
des deux liqueurs pour former un animal, que ce
mélange ne peut venir à bien que quand il fe fait dans la
matrice, ou bien dans les trompes de la matrice, où. les
Anatomiftes ont trouvé quelquefois des foetus, & qu il eft
rature! d’imaginer que?‘ceux qui ont été trouvez hors de
la matrice & dans la cavité de l’abdomen, font fortis par
l ’extrémité des trompes ou par quelque ouverture qui s eft
faite par accident à la matrice , & que ces foetus ne font
pas tombez du tefticule, où il me paroît fort difficile qu ils
puiffent fe former, parce que je regarde comme une
chofe prefque impoffible que la liqueur féminale du male
puiffie remonterjufque-là. Leeuwenhoek a fupputé la vîtef-
fe du mouvement de fes prétendus animaux Ipermatiques,
& il a trouvé qu’ils pouvoient, faire quatre ou cinq pouces
de chemin en quarante minutes : ce mouvement feroit
plus que fuffifant pour parvenir du vagin dans la matrice,
de la matrice dans les trompes, & des trompes dans les
tefticules en une heure ou deux, fi toute la liqueur avoit
ce même mouvement; mais comment concevoir que les
molécules organiques qui font en mouvement dans cette
liqueur du mâle, & dont le mouvement celle auffi - tôt
que le liquide dans lequel elles fe meuvent, vient à leur
manquer, comment concevoir, dis-je , que ces molécules
puiffent arriver jufqu’au tefticule , a moins que
d’admettre que la liqueur elle - même y arrive & les y
porte ! ce' mouvement de progreffion qu’il faut fuppofer
dans la liqueur même, ne peut être produit par celui des
molécules organiques qu’elle contient ; ainfi quelque aéti-
vité que l ’on fuppofe à ces molécules, on ne voit pas
comment elles pourraient arriver aux tefticules & y former
un foetus, à moins que par quelque voie que nous
ne connoiffons point, par quelque force réfidante dans
le tefticule, la liqueur même ne fût pompée & attirée
jufque-là, ce qui eft une fuppofition non feulement gratuite,
mais même contre la vrai-femblance.
Autant il eft douteux que la liqueur féminale du mâle
puiffe jamais parvenir aux tefticules de la femelle, autant
il paroît certain qu’elle pénètre la matrice & qu’elle y
entre, foit par l ’orifice, foit à travers le tiffii même
des membranes de ce vifcère. La liqueur qui découle
des corps glanduleux des tefticules de la femelle, peut
auffi entrer dans la matrice, foit par l ’ouverture qui eft
à l’extrémité fupérieure des trompes, foit à travers le
tiffu meme de ces trompes & de la matrice. Il y a des
obfervations qui femblent prouver clairement que ces
liqueurs peuvent entrer dans la matrice à travers le tiffu
de ce vifcère ; je vais en rapporter une deM. Weitbrech,
habile Anatomifte de l ’Académie de Peterfbourg, qui
confirme mon opinion : Res ornni attentions digmfiîma
oblata mihi ejl in utero feminoe alicujus à me ditfedoe ; erat
utérus eâ magnitudine quâ effi file t in virginibus, tubæque
amboe apertoe quidem ad ingrejfum uteri, ita ut ex hoc in
illas cum fpecillo facile pojfern tranfire ac flatum injicere ,
f i d in tubarum extremo nulla dabatur apertura, nullus