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les femmes , comme ils ont le corps plus folide, plus
malîif, les os plus durs, les mufcles plus fermes, la chair
plus compacte, on doit préfumer que le temps nécelfaire
à 1 accroiflement de leur corps, doit être plus long que
le temps qui eft néceflàire à l’accroilTement de celui des
femelles; & comme ce ne peut être qu’après cet accroif-
lement pris en entier, ou du moins en grande partie, que
le fuperflu de la nourriture organique commence à être
renvoyé de toutes les parties du corps dans les parties de
la génération des deux sèxes, il arrive que dans les femmes
la nourriture eft renvoyée piûtôt que dans les hommes,
parce que leur accroiflement fe fait en moins de temps,
puifqu’en total il eft moindre, & que les femmes font
réellement plus petites que les hommes.
Dans les climats les plus chauds de l’A fie , de l ’Afrique
& de l’Amérique, la plupart des filles font pubères à
dix & même à neuf ans; l’écoulement périodique, quoique
moins abondant dans ces pays chauds, paroît cependant
plutôt que dans les pays froids : l’intervalle de cet
écoulement eft à peu près le même dans toutes les nations
, & il y a fur cela plus de diverfité d’individu à individu
que de peuple à peuple; car dans le même climat
& dans la même nation, il y a des femmes qui tous les
quinze jours font fujettes au retour de cette évacuation
naturelle, & d’autres qui ont jufqu’à cinq & fix femaines
de libres; mais ordinairement l ’intervalle eft d’un mois, à
quelques jours près.
La quantité de l’évacuation paroît dépendre de la
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quantité des alimens, & de celle de la tranfpiration in-
fenlîble. Les femmes qui mangent plus que les autres
& qui ne font point d’exercice, ont des menftrues. plus
abondantes ; celles des climats chauds, où la tranlpi-
ration eft plus grande que dans les pays froids, en ont
moins. Hippocrate en avoit eftimé la quantité à la mefure
de deux émines, ce qui fait neuf onces pour le poids :
il eft furprenant que cette eftimation qui a été faite en
Grèce, ait été trouvée trop forte en Angleterre, & qu’on
ait prétendu la réduire à trois onces & au deftous, mais il
faut avouer que les indices que l’on peut avoir fur ce fait,
font fort incertains ; ce qu’il y a de fû r , c ’eft que cette
quantité varie beaucoup dans les différens fujets & dans
les différentes circonftances, on pourrait peut-être aller
depuis une ou deux onces jufqu’à une livre & plus. La
durée de l’écoulement eft de trois, quatre ou cinq jours
dans la plupart des femmes, & de fix , fept & même huit
dans quelques-unes : la fur-abondance de la nourriture &
du fang eft la caufe matérielle des menftrues, les fymp-
tômes qui précèdent leur écoulement, font autant d’indices
certains de plénitude, comme la chaleur, latenfion,
le gonflement, & même la douleur que les femmes ref-
fentent, non feulement dans les endroits mêmes où font
les réfervoirs, & dans ceux qui les avoifinent, mais auffi
dans' les mamelles ; elles font gonflées, & l ’abondance
du fang y eft marquée par la couleur de leur aréole qui
devient alors plus foncée; les yeux font chargez, & au
deftous de l ’orbite la peau prend une teinte de bleu ou de
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