Les jeunes gens qui s’épuifent, & qui par des irritations
forcées déterminent vers les organes-de la génération une
plus grande quantité de liqueur féminale qu il n’en arri-
veroit naturellement, commencent par ceffer de croître,
ils maigrilïcnt & tombent enfin dans le maralme, & cela
parce qu’ils perdent par des évacuations trop fou vent
réitérées la fubftance nécelfaire à leur accroiflcment & à
la nutrition de toutes les parties de leur corps.
Ceux dont le corps eft maigre fans être décharné, ou
charnu fans être gras, font beaucoup plus vigoureux que
ceux qui deviennent gras, & dès que la fur-abondance
de la nourriture a pris cette route & qu’elle commence
à former de la graiffe, c ’eft toujours aux dépens de la
quantité de la liqueur féminale & des autres facultés de la
génération. Auffi iorfque non feulement raccroiffement
de toutes les parties du corps efl: entièrement a ch e té ,
mais que les . os font devenus folides dans toutes leurs
parties, que les cartilages commencent à s’offifier, que
les membranes ont pris toute la folidité qu’elles pou-
voient prendre, que toutes les fibres font devenues dures
& roides, & qu’enfin toutes les parties du corps ne peuvent
prefque plus admettre de nourriture, alors la graifle
augmente confidérablement, & la quantité de la liqueur
féminale diminue, parce que le fuperflu de la nourriture
s’arrête dans toutes les parties du corps, & que les fibres
n ’ayant prefque plus de foupleffe & de reflort, ne peuvent
plus le renvoyer, comme auparavant, dans les réfervoirs
de la génération.
La liqueur féminale non feulement devient, comme
je l ’ai dit, plus abondante jufqu a un certain âge, mais
elle devient auffi plus épaiffe, & fous le même volume
elle contient une plus grande quantité de matière, par la
raifon que l’accroiffeinent du corps diminuant toujours
à mefure qu’on avance en âge, il y a une plus grande fur-
abondance de nourriture, & par conféquent une maffe plus
confidérabie de liqueur féminale. Un homme accoutume
à obferver, & qui ne m’a pas permis de le nommer, m’a
afliiré que, volume pour volume, la liqueur feminale efl
près d’une fois plus pefante que le fang, & par confequent
plus pefante fpécifiquement qu’aucune autre liqueur du
corps.
Lorfqu’on fe porte bien l’évacuation de la liqueur féminale
donne de l’appétit, & on fent bien-tôt le befoin de
réparer par une nourriture nouvelle la perte de l ’ancienne,
d’où l’on peut conclurre que la pratique de mortification la
plus efficace contre la luxure efl l’abftinence & le jeûne.
Il me refte beaucoup d’autres cliofes à dire fur ce fujet,
que je renvoie au chapitre de l’hiftoire de l ’homme, mais
avant que de finir c e lu i-c i, je crois devoir faire encore
quelques obfervations. La plupart des animaux ne cherchent
la copulation que quand leur accroiffement efl pris
prefqu’en entier ; ceux qui n’ont qu’un temps pour le rut ou
pour le fray, n’ont de liqueur féminale que dans ce temps.
Un habile obfervateur * a vu fe former fous fes yeux non
feulement cette liqueur dans la laite du calmar, mais même
* M. Needham. V. Newmicrofcopical Difcoveries. London, 1745-