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pas le même fymptôme, que d’autres affurent au contraire
avoir reffenti une ardeur brûlante caufée par la chaleur de
la liqueur féminale du mâle, & que le plus grand nombre
avouent n’avoir rien fonti de tout cela, on doit en conclurre
que ces lignes font très-équivoques, & quelorfqu ils arrivent,
c ’eft peut-être moins un eüèt de la conception que
d ’autres caufés qui paroiffent plus probables.
J ’ajouterai un fait qui prouve que l’orifice de la matrice
ne fe ferme pas immédiatement apres la conception, ou
bien que s’il fe ferme la liqueur féminale du mâle entre
dans la matrice en pénétrant à travers le tiffu de ce vifcère. |
Une femme de Charles-Town dans la Caroline méridionale
accoucha en 1 7 14 de deux jumeaux qui vinrent au
monde tout de fuite l ’un après l ’autre ; il fe trouva que 1 un
étoitun enfant nègre & l’autre un enfant blanc, ce quifurprit
beaucoup les affiftans. C e témoignage évident de l’infidélité
de cette femme à l’égard de fon mari, la força d avouer
qu’un Nègre qui la fervoit, étoit entré dans fa chambre un
jour que fon mari venoit de la quitter & de la laiffer dans
fon lit, & elle ajoûtapour s’excufer, que ce Nègre l’avoit
menacée de la tuer, & qu’elle avoit été contrainte de le
fatisfaire. Voyez Leâures on mufcularmotion, by M . Parfons.
London, 1 7 , J>-7ÿ- C è fait ne prouve-t-il pas auffi que la
conception de deux ou de plufieurs jumeaux ne fe fait pas
toûjours dans le même temps! & ne paroît-il pas fàvorifer
beaucoup mon opinion fur la pénétration de la liqueur fe-
minale au travers du tiffu de la matrice !
L a groffeffe a encore un grand nombre de fymptomes
DE L ’ H O M M E. 5 1 5
équivoques auxquels on prétend communément la recon-
noître dans les premiers mois, fçavoir, une douleur légère
dans la région de la matrice & dans les lombes , un en-
gourdiffement dans tout le corps , & un affoupiffement
continuel, une mélancholie qui rend les femmes trilles &
eapricieufes, des douleurs de dents, le mal de tête, des
vertiges qui offufquent la vûe, le rétréciffement des prunelles,
les yeux jaunes & injeétez, les paupières affaiffées,
la pâleur & les taches du vifage, le goût dépravé, le dégoût,
les vomiffemens, les crachemens, les fymptomes
hyflériques, les fleurs blanches, la ceffation de l ’écoulement
périodique ou fon changement en hémorragie, la
focretion du lait dans les mamelles, &c. Nous pourrions
encore rapporter plufieurs autres fÿmptômes qui ont été
indiquez comme des fignes de la grofTeffe, mais qui ne
font fouvent que les effets de quelques maladies.
Mais laiffons aux Médecins cet examen à faire, nous
nous écarterions trop de notre fujet fi nous voulions con-
fiderCr chacune de ces choies en particulier; pourrions-
nous même le faire d’une manière avantageufe, puifqu’il
n’y en a pas une qui ne demandât une longue fuite d’ob-
fervations bien faites! il en.efl: ici comme d’une infinité
d autres fujets de phyfioiogie & d ’économie animale, à
l ’exception d ’un petit nombre d’hommes rares * qui ont
répandu de la lumière fur quelques points particuliers de ces
* Je mets dans ce nombre l’auteur de {’Anatomie d’Heifter; de tous
les ouvrages que j’ai lus fur la phyfioiogie, je n’en ai point trouvé qui
m’ait paru mieux fait & plus d’accord avec la bonne phyfique.
T t t ij