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lorfque la plénitude eft trop grande, elle fo r c e , meme
fans aucune provocation & pendant le fommeil, la refif-
tance des vaiffeaux qui la contiennent, pour fe répandre
au dehors; tout annonce donc dans le mâle une fur-abondance
de nourriture dans le temps que commence la
puberté; celle de la femelle eft encore plus précoce, &
cette fur-abondance y eft même plus marquée par cette
évacuation périodique qui commence & finit en meme
temps que la puiffance d’engendrer, par le prompt ac-
croiffement du fein , & par un changement dans les parties
de la génération, que nous expliquerons dans la fuite.
Je penfe donc que les molécules organiques renvoyées
de toutes les parties du corps dans les tefticuies & dans
les véficules féminales du mâle, & dans les tefticuies ou
dans telle autre partie qu’on voudra de la femelle, y forme
la liqueur féminale, laquelle dans l’un & 1 autre sexe eft,
comme l’on voit, une efpèce d’extrait de toutes les parties
du corps; ces molécules organiques au lieu de fe réunir
& de former dans l’individu même de petits corps orga-
nifez femblables au grand, comme dans le puceron & dans
l ’oignon, ne peuvent ici fe réunir en effet que quand les
liqueurs féminales des deux sèxes fe mclent ; & lorfque
dans le mélange qui s’en fait il fe trouve plus de molécules
organiques du mâle que de la femelle, il en refulte
un mâle , au contraire s’il y a plus de particules organiques
de la femelle que du mâle, il fe forme une petite
femelle.
* Voyez ci-après i’hiftoire naturelle de l’homme, chap. 2.
A u refte je ne dis pas que dans chaque individu mâle
& femelle, les molécules organiques renvoyées de toutes
les parties du corps ne fe réunifient pas pour former dans
ces mêmes individus de petits corps organifez ; ce que
je dis, c’eft que Iorfqu’ils font réunis, foit dans le mâle,
foit dans la femelle, tous ces petits corps organifez ne
peuvent pas fe développer d’eux-mêmes, qu’il faut que
la liqueur du mâle rencontre celle de la femelle, & qu’il
n’y a en effet que ceux qui fe forment dans le mélange
des deux liqueurs féminales qui puiffent fe développer;
ces petits corps mouvans, auxquels on a donné le nom
d ’animaux fpermatiques, qu’on voit au microfcope dans
la liqueur féminale de tous les animaux mâles, font peut-
être de petits corps organifez provenant de l ’individu
qui les contient, mais qui d’eux-mêmes ne peuvent fe
développer ni rien produire; nous ferons voir qu’il y en
a de femblables dans la liqueur féminale des femelles ,
nous indiquerons l’endroit où l’on trouve cette liqueur
de la femelle ; mais quoique la liqueur du mâle & celle de
la femelle contiennent toutes deux des efpèces de petits
corps vivans & organifez, elles ontbefoin l’une de l’autre,
pour que les molécules organiques qu’elles contiennent
puiffent fe réunir & former un animal.
On pourrait dire qu’il eft très-poftible, & même fort
vrai-femblable, que les molécules organiques ne produi-
fent d’abord par leur réunion qu’une efpèce d’ébauche de
l ’animal, un petit corps organifé, dans lequel il n’y a que
les parties effentielles qui foient formées ; nous n’entrerons