R E C A P I T U L A T I O N .
T o u s les animaux Te nourriffent de végétaux ou d’autres
animaux, qui fe nourriffent eux-mêmes de végétaux; il y
a donc dans la Nature une matière commune aux uns &
aux autres , qui fert à la nutrition & au développement
de tout ce qui vit ou végète; cette matière ne peut opérer
la nutrition & le développement qu’en s’affimilant à
chaque partie du corps de l’animal ou du végétal, & en
pénétrant intimement la forme de ces parties, que j ’ai ap-
pellée le moule intérieur. Lorfque cette matière nutritive
eft plus abondante qu’il ne faut pour nourrir & développer
le corps animal ou végétal, elle eft renvoyée de toutes
les parties du corps dans un ou dans plufieurs réfervoirs
fous la forme d’une liqueur; cette liqueur contient toutes
les molécules analogues au corps de l’animal, & par con-
féquent tout ce qui eft néceffaire à la reproduétion d’un
petit être entièrement femblable au premier. Ordinairement
cette matière nutritive ne devient fur-abondante,
dans le plus grand nombre des efpèces d’animaux, que
quand le corps a pris la plus grande partie de fon accroif-
fement, & c ’eft par cette raifon que les animaux ne font
en état d’engendrer que dans ce temps.
Lorfque cette matière nutritive & produétive, qui eft
univerfellement répandue, a paffé par le moule intérieur
de l’animal ou du végétal, & qu’elle trouve une matrice
convenable, elle produit un animal ou un végétal de
même efpèce ; mais lorfqu’elle ne fe trouve pas dans une
matrice convenable, elle produit des êtres organifez dif-
férens des animaux & des végétaux, comme les corps
mouvans & végétans que l’on voit dans les liqueurs fémi-
nales des animaux, dans les infufions des germes des
plantes, &c.
Cette matière produétive eft compofée de particules
organiques toujours aétives, dont le mouvement & l’action
font fixez par les parties brutes de la matière en général,
& particulièrement par les particules huileufes & falines ;
mais dès qu’on les dégage de cette matière étrangère,
elles reprennent leur aétion & produifent différentes efpèces
de végétations & d’autres êtres animez qui fe meuvent
progreftivement.
On peut voir au microfcope les effets de cette matière
produétive dans les liqueurs féminales des animaux de
l ’un & de l ’autre sèxe: la femence des femelles vivipares
eft filtrée par les corps glanduleux qui croiffent fur leurs
tefticules, & ces corps glanduleux contiennent une affez
bonne quantité de cette femence dans leur cavité intérieure;
les femelles ovipares ont, aufli-bien que les femelles
vivipares, une liqueur féminale, & cette liqueur
féminale des femelles ovipares eft encore plus aétive
que celle des femelles vivipares, comme je l ’expliquerai
dans l’hiftoire des oifeaux. Cette femence de la femelle
eft en général femblable à celle du mâle, lorfqu’elles
font toutes deux dans l’état naturel; elles fe décompofent
de la meme façon, elles contiennent des corps organiques
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