202 H i s t o i r e Na t u r e l l e .
apporter dans lé moment même que la bête viendrait
d ’expirer , je m’aflurai d’un chirurgien pour faire les
diiïe étions néceflaires; & afin d’avoir un objet de com-
paraifon pour la liqueur de la femelle, je commençai
par obferver de nouveau la liqueur féminale d’un chien,
qu’il avoit fournie par une émilfion naturelle; j’y trouvai
(P I. 4 , fig. i y . ) les mêmes corps en mouvement que
j ’y avois obfervez auparavant; ces corps traînoient après
eux des filets qui reflembloient à des queues dont ils
avoient peine à fe débarraffer ; ceux dont les queues
étoient les plus courtes, fe mouvoient avec plus d agilité
que les autres; ils avoient tous, plus ou moins, un
mouvement de balancement vertical ou de roulis, & en
général leur mouvement progrelfif, quoique fort fenfible
& très-marqué, n’étoit pas d’une grande rapidité.
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Pendant que j’étois occupé à cette obfervation, l’on
dilféquoit une chienne vivante qui étoit en chaleur depuis
quatre ou cinq jours, & que le mâle n’avoit point approchée.
On trouva aifément les tefticules qui font aux
extrémités des cornes de la matrice, .ils étoient à peu
près gros comme des avelines ; ayant examiné l’un de
ces tefticules, j’y trouvai un corps glanduleux, rouge,
proéminent, & gros comme un pois ; ce corps glanduleux
reflembloit parfaitement à un petit mamelon, & il y avoit
au dehors de ce corps glanduleux une fente très-vifible,
qui étoit formée par deux lèvres dont l’une avançoit en
dehors un peu plus que l ’autre ; ayant entr’ouvert cette
fente avec un ftilet, nous en vimes dégoutter de la liqueur
que nous recueillimes pour la porter au micrôfcope, après
avoir recommandé au chirurgien de remettre les tefticules
dans le corps de l’animal qui étoit encore vivant, afin de
les tenir chaudement. J ’examinai donc cette liqueur au
microfcope, & du premier coup d’oeil j ’eus la fatisfaélion
d y voir (PL 4, fig. 20. J des corps mouvans avec des
queues, qui etoient prefqu’abfolument femblables à ceux
que je venois de voir dans la liqueur féminale du chien.
M rs Needham & Daubenton qui obfervèrent après moi,
furent fi furpris de cette reflemblance, qu’ils ne pouvoient
fe perfuader que ces animaux fjaermatiques ne fuflent pas
ceux du chien que nous venions d’obferver, ils crurent
que j ’avois oublié de changer de porte-objet, & qu’il
avoit pû refter de la liqueur du chien, ou bien que le
cure-dent avec lequel nqus avions ramafte plufieurs gouttes
de cette liqueur de la chienne, pouvoit avoir fervi auparavant
à celle du chien. M. Needham prit donc lui-même
un autre porte-objet, un autre cure-dent, & ayant été
chercher de la liqueur dans la fente du corps glanduleux,
il l’examina le premier & y revit les mêmes animaux,, les
mêmes corps en mouvement, & il fe convainquit avec
moi non feulement de l ’exiftence de ces animaux Iperma-
tiques dans la liqueur féminale de la femelle, mais encore
de leur reftemblance avec ceux de la liqueur féminale du
mâle. Nous revimes au moins dix fois de fuite & fur différentes
gouttes les mêmes phénomènes, car il y avoit
C e ij