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regarder comme des matrices portatives, & que i animal
jette au dehors. Ces matrices contiennent chacune une
petite goutte de cette liqueur prolifique de la femelle,
dans l’endroit qu’on appelle la cicatricule; lorfqu’il n’y a
pas eu de communication avec le mâle, cette goutte de
liqueur prolifique fe raffemble fous la figure d’une petite
mole, comme l’a obfervé Malpighi, & quand cette liqueur
prolifique de la femelle, contenue dans la cicatricule, a
été pénétrée par celle du mâle , elle produit un foetus qui
tire fa nourriture des fucs de cette matrice dans laquelle
i
il eft contenu.
Les oeufs, au lieu d’être des parties qui.fe trouvent
généralement dans toutes les femelles, ne font donc au Oc
ontraire que des parties que la Nature a employées pour
remplacer la matrice dans les femelles qui font privées
de cet organe ; au lieu d ’être les parties aétives & eflen-
tielles à la première fécondation, les oeufs ne fervent que
comme parties palïives & accidentelles a la nutrition du
foetus déjà formé par le mélange des liqueurs des deux
sèxes, dans un endroit de cette matrice, comme le font
les foetus dans quelqu’endroit de la matrice des vivipares ;
au lieu d’être des êtres exiltans de tout temps, renfermez
à l ’infini les uns dans les autres, & contenans des millions
de millions de foetus mâles & femelles , les oeufs font
au contraire des corps qui fe forment du fuperfiu d’une
nourriture plus grolfière & moins organique que celle
qui produit la liqueur féminale & prolifique, c ’ell: dans
les femelles ovipares quelque chofe d’équivalent, non
feulement
feulement a la matrice, mais même aux menfîrues des
vivipares.
C e qui doit achever de nous convaincre que les oeufs
doivent être regardez comme des parties deftinées par la
Nature a remplacer la matrice dans les animaux qui font
privez de ce vifcère, c ’efl que ces femelles produifent
des oeufs indépendamment du mâle. D e la même façon
que la matrice exifte dans les vivipares , comme partie
appartenante au sexe féminin, les poules qui n’ont point
de matrice, ont des oeufs qui la remplacent, ce font plu-
fieurs matrices qui fe produifent fucceffivement, <51 qui
exiflent dans ces femelles nécelfairement & indépendamment
de 1 aéte de la génération & de la communication
avec le male. Prétendre que le foetus efl préexiftant dans
ces oeufs, & que ces oeufs font contenus à l ’infini les uns
dans les autres , c ’eftà peu près comme fi l ’on prétendoit
que le foetus eft préexiftant dans la matrice, & que toutes
les matrices étoient renfermées les unes dans les autres, &
toutes dans la matrice de la première femelle.
Les Anatomiftes ont pris le mot oeuf à ans des acceptions
diverfes, & ont entendu des chofes différentes par
ce nom. Lorfque Harvey a pris pour devife, Omnïa ex
ovo, il entendoit par 1 oeuf des vivipares, le fac qui renferme
le foetus & toutes fes appendices, il croyoit avoir
vû former cet oeuf ou ce lac fous fes yeux après la
copulation du mâle & de la femelle; cet oeuf ne venoit
pas de l’ovaire ou du tefticule de la femelle, il a même
foûtenu qu’il n’avoit pas remarqué la moindre altération
Tome IL O o