Tout le monde fçait combien il ell important pour la
fânté des enfans de choifir de bonnes nourrices, il efl
abfolument nécelîàire qu’elles foient laines. & qu’elles le
portent bien ; on n’a que trop d’exemples de la communication
réciproque de certaines maladies de la nourrice à
l ’enfànt, & de l ’enfant à la nourrice ; il y a eu des villages
entiers dont tous les habitans ont été infeétez du virus
vénérien que quelques nourrices malades avoient communiqué
en donnant à d ’autres femmes leurs enfans à allaiter.
Si les mères nourrilfoient leurs enfans , il y a apparence
qu’ils en feraient plus forts & plus vigoureux, le lait de
leur mère doit leur convenir mieux que le lait d’une autre
femme, car le foetus fe nourrit dans la matrice d’une liqueur
laiteufe qui ell fort femblable au lait qui fe forme dans les
mamelles; l’enfànt ell donc déjà, pour ainli dire, accoutumé
au lait de fa mère, au lieu que le lait d’une autre
nourrice ell une nourriture nouvelle pour lui, & qui ell
quelquefois alfez différente de la première pour qu’il ne
puiffe pas s’y accoutumer, car on voit des enfans qui ne
peuvent s’accommoder du lait de certaines femmes, ils
maigriffent, ils deviennent languiffans & malades ; dès
qu’on s’ en aperçoit, il faut prendre une autre nourrice,
fi l’on n’a pas cette attention, ils périffent en fort peu
de temps.
Je ne puis m’empêcher d’obferver ici que l’ulàge où
l ’on ell de raffembler un grand nombre d’enfàns dans Un
même lieu, comme dans les hôpitaux des grandes villes,
ell extrêmement contraire au principal objet qu’on doit fe
propofer, qui ell de les conlèrver ; laplûpart de ces enfans
periffent par une elpèce de fcorbut ou par d’autres maladies
qui leur font communes à tous, auxquelles ils ne
feraient pas fujets s’ils étoient élevez féparément les uns
des autres, ou du moins s’ils étoient diflribuez en plus
petit nombre dans différentes habitations à la ville, &
encore mieux à la campagne. L e même revenu fuffiroit
fans doute pour les entretenir, & on éviterait la perte
d’une infinité d ’hommes qui, comme l ’on fçait, font la
vraie richeffe d’un E'tat.
Les enfans commencent à bégayer à douze ou quinze
mois, la voyelle qu’ils articulent le plus aifément, M i’Æ
parce qu’il ne faut pour cela qu’ouvrir les lèvres & pouffer
un fon ; 1 E fuppofe un petit mouvement de plus, la
langue fe releve en haut en même temps que les lèvres
s’ouvrent ; il en ell de même de 1 7 , la langue fe relève
encore plus, & s ’approche des dents de la mâchoire fupé-
rieure ; l’O demande que la langue s’abaiffe, & que les
levres le ferrent; il faut qu’elles s’allongent un peu, &
qu elles fe ferrent encore plus pour prononcer VU. Les
premières confonnes que les enfans prononcent, font
auffi celles qui demandent le.moins de mouvement dans
les organes ; le 2?, VM & le P font les plus aifées à articuler;
il ne faut pour le B & le P,que joindre les deux lèvres
& les ouvrir avec vîteffe, & pour VM , les ouvrir d’abord
& enfuite les joindre avec vîteffe : l’articulation de toutes
les autres confonnes fuppofe des mouvemens plus compliquez
que ceux-ci, & il y a un mouvement de la langue
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