fouvent dans la même perfonne une partie n’eft pas exactement
femblable à la partie correfpondante ; par exemple,
fouvent le bras ou la jambe du côté droit n’a pas exactement
les mêmes dimenfions que le bras ou la jambe du
côté gauche, &c. Il a donc fallu des obfervations répétées
pendant long temps pour trouver un milieu entre ces différences
, afin d ’établir au jufte les dimenfions des parties
du corps humain , & de donner une idée des proportions
qui font ce que l ’on appelle la belle Nature : ce n eft pas par
la comparaifon du corps d’un homme avec celui d’un autre
homme, ou par des mefures actuellement prifes fur un
grand nombre de fujets, qu’on a pû acquérir cette connoif-
fance, c ’eft par les efforts qu’on a faits pour imiter & copier
exactement la Nature, c ’eft à l’art du deffein qu’on doit tout
ce que l ’on peut fçavoir en ce genre, le fentiment & le
goût ont fait ce que la méchanique ne pouvoit faire : on a
quitté la règle & le compas pour s’en tenir au coup d’oe il,
on a réalifé fur le marbre toutes les formes, tous les contours
de toutes les parties du corps humain, & on a mieux
connu la Nature par la repréfentation que par la Nature
même ; dès qu’il y a eu desftatues, on a mieux jugé de leur
perfection en les voyant, qu’en les mefurant. C ’eft par un
grand exercice de l’art du defTein &parun fentiment exquis,
que les grands Statuaires font parvenus à faire fentir aux
autres hommes les juftes proportions des ouvrages de la
Nature ; les Anciens ont fait de fi belles ftatues, que d un
commun accord on les a regardées comme la reprefenta-
tion exacte du corps humain le plus parfait. Ces ftatues
qui n’étoient que des copies de l’homme, font devenues
des originaux , parce que ces copies n’étoient pas faites
d’après un feul individu, mais d ’après l’efpèce humaine
entière bien obfervée, & fi bien vue qu’on n’a pû trouver
aucun homme dont le corps fût auffi bien proportionné
que ces ftatues; c ’eft donc fur ces modèles que l ’on
a pris les mefures du corps humain , nous les rapporterons
ici comme les deffinateurs les ont données. On divife ordinairement
la hauteur du corps en dix parties égales, que
l’on appellefaces en terme d’art, parce que la face de l ’homme
a été le premier modèle de ces mefures ; on diftingue
auffi trois parties égales dans chaque face, c ’eft-à-dire ,
dans chaque dixième partie de la hauteur du corps ; cette
fécondé divifion vient de celle que l ’on a faite de la face
humaine en trois parties égales. La première commence
au deffus du front à la naiffance des cheveux , & finit à la
racine du nez ; le nez fait la fécondé partie de la face , &
latroifième, en commençant au deffous du nez, vajufqu’au
deffous du menton : dans les mefures du refte du corps on
défigne quelquefois la troifième partie d’une face , ou une
trentième partie de toute la hauteur, par le mot de n e z , ou
de longueur de nez. La première face dont nous venons
de parier, qui eft toute la face de l’homme, ne commence
qu’à la naiffance des cheveux, qui eft au deffus du front ;
depuis ce point jufqu’au fiommet de la tête il y a encore un
tiers de face de hauteur, ou, ce qui eft la même chofe, une
hauteur égale à celle du nez; ainfi depuis le fommet de la
tête jufqu’au bas du menton, c ’eft-à-dire, dans la hauteur
Z z z ij