42 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
matière acceffoire venoit augmenter proportionnellement
chacune de ces parties.
Mais cette même augmentation, ce développement, fi
on veut en avoir une idée nette, comment peut-il fe faire,
fi ce n’eft en confidérant le corps de 1 animal, & meme
chacune de fesparties qui doivent le développer, comme
autant de moules intérieurs qui ne reçoivent la matière ac-
celfoire que dans l’ordre qui réfulte de lapofition de toutes
leurs parties! & ce qui prouve que ce développement ne
peut pas fe faire , comme on fe le perfuade ordinairement,
par la feule addition aux furfaces, & qu au contraire il
s’opère par une fufception intime & qui pénètre la malfe,
c ’eft que dans la partie qui fe développe, le volume & la
malfe augmentent proportionnellement & fans changer de
forme, dès-lors il efl néceffaire que la matière qui fert a
ce développement pénètre, par quelque voie que ce puilfe
être, l’intérieur de la partie, & la pénètre dans toutes les
dimenfions ; & cependant il eft en même temps tout auffi
nécelfaire que cette pénétration de fubftance fe faffe dans
un certain ordre & avec une certaine mefure, telle qu’il
n’arrive pas plus de fubftance à un point de 1 intérieur qu a
un autre point, fans quoi certaines parties du tout fe développeraient
plus vite que d’autres, & dès-lors la forme
feroit altérée. O r que peut-il y avoir qui prefcrive en effet
à la matière acceffoire cette règle, & qui la contraigne à
arriver également & proportionnellement à tous les points
de l ’intérieur, fi ce n’eft le moule intérieur !
Il nous paroît donc certain que le corps- de l’animal ou
du végétal eft un moule intérieur qui a une forme confiante,
mais dont la malfe & le volume peuvent augmenter
proportionnellement, & que l ’accroilfement, ou, fi l’on
veut, le développement de l ’animal ou du végétai, ne fe
fait que par l’extenfion de ce moule dans toutes fes dimenfions
extérieures & intérieures, que cette extenfion fe
fait par l ’intuflufception d’une matière acceffoire & étrangère
qui pénètre dans l ’intérieur, qui devient femblable à
la forme & identique avec la matière du moule.
Mais de quelle nature eft cette matière que l’animal ou
le végétal affimile à fa fubftance! quelle peut être la force
ou la puiflance qui donne à cette matière l’aétivité & le
mouvement néceffaires pour pénétrer le moule intérieur!
& s’il exifte une telle puiflance, ne feroit-ce pas par une
puiflance femblable que le moule intérieur lui - même
pourrait être reproduit!
Ces trois queftions renferment, comme l’on voit, tout
ce qu’on peut demander fur ce fujet,- & me paroiffent
dépendre les unes des autres, au point que je fuis perfuadé
qu’on ne peut pas expliquer d’une manière fatisfaifante la
reproduction de l’animal & du végétal, fi l’on n’a pas une
idée claire de la façon dont peut s’opérer la nutrition : il
faut donc examiner féparément ces trois queftions, afin
d’en comparer les conféquences.
La première par laquelle on demande de quelle nature
eft cette matière que le végétal affimile à fa fubftance,
me paroît être en partie réfolue par les raifonnemens que
nous avons faits, & fera pleinement démontrée par des
F ij