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plus grandes que les parties inférieures, les cuiffes & les
jambes ne font pas à beaucoup près la moitié de la hauteur
du corps ; à mefure que l’enfant avance en âge, ces
parties inférieures prennent plus d’accroiffement que les
parties fupérieures , & lorfque l ’accroiffement de tout le
corps eft entièrement achevé, les cudfes & les jambes font
à peu près la moitié de la hauteur du corps.
Dans les femmes la partie antérieure de la poitrine eft
plus élevée que dans les hommes, en forte qu’ordinaire-
ment la capacité de la poitrine formée par les côtes, a plus
d ’épaiffeur dans les femmes & plus de largeur dans les
hommes , proportionnellement au refte du corps ; les
hanches des femmes font aulfi beaucoup plus greffes,
parce que les os des hanches & ceux qui y font joints &
qui compofent enfemble cette capacité qu’on appelle le
baffxn, font plus larges qu’ ils ne le font dans les hommes ;
cette différence dans la conformation de la poitrine & du
baffin eft affez fenfible pour être reconnue fort aifément,
& elle fuffit pour faire diftinguer le fquelette d’une femme
de celui d’un homme.
La hauteur totale du corps humain varie affez confidé-
rablement, la grande taille pour les hommes eft depuis cinq
pieds quatre ou cinq pouces, jufqu’à cinq pieds huit ou
neuf pouces; la taille médiocre eft depuis cinq pieds ou
cinq pieds un pouce, jufqu’à cinq pieds quatre pouces, &
la petite taille eft au deffous de cinq pieds : les femmes ont
en général deux ou trois pouces de moins que les hommes,
nous parlerons ailleurs des géans & des nains.
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Quoique le corps de l’homme foit à l ’extérieur plus délicat
que celui d’aucun des animaux, il eft cependant très-
nerveux , & peut-être plus fort par rapport àfon volume,
que celui des animaux les plus forts ; car fi nous voulons
comparer la force du lion à celle de l’homme, nous devons
confidérer que cet animal étant armé de griffes &
de dents, l ’emploi qu’il fait de fes forces nous en donne
une fauffe idée , nous attribuons à là force ce qui n’ap-
. partient qu’à fes armes ; celles que l’homme a reçues de
la Nature ne font point offenfives, heureux fi l ’art ne lui
en eût pas mis à la main de plus terribles que les ongles
du lion.
Mais il y a une meilleure manière de comparer la force
de l’homme avec celle des animaux, c ’eft par le poids
qu’il peut porter ; on affure que les porte-faix ou croche-
teurs de Conftantinople portent des fardeaux de neuf cens
livres pefant ; je me fouviens d’avoir lû une expérience de
M. Delaguliers au fujet de la force de l ’homme : il fit faire
une elpèce de harnois par le moyen duquel il diftribuoit fur
toutes les parties du corps d’un homme debout un certain
nombre de poids, en forte que chaque partie du corps liip-
portoit tout ce qu’elle pouvoit fupporter relativement aux
autres, & qu’il n’y avoit aucune partie qui ne fût chargée
comme elle devoit l ’être ; on portoit au moyen de cette
machine, làns être fort furchargé, un poids de deux milliers
: fi on compare cette charge avec celle que, volume
pour volume, un cheval doit porter, on trouvera que
comme le corps de cet animal a au moins fix ou fept fois