128 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
quoique cet animal foit, comme l ’on fçait, vivipare, & il
aioûte qu’il ne doute pas que les tefticules des femmes
ne foient analogues aux ovaires des ovipares, foit que les
ceufs des femmes tombent, de quelque façon que ce puifle
être, dans la matrice, foit qu’il n’y tombe que la matière
contenue dans ces oeufs : cependant quoique Stenon foit
le premier auteur de la découverte de ces prétendus oeufs,
Graafa voulu fe l’attribuer, & Swammerdam la lui a dif-
putée, même avec aigreur, il a prétendu que Van-Horn
avoit aulîî reconnu ces oeufs avant Graaf : il eft vrai qu’on
peut reprocher à ce dernier d’avoir afluré pofitivement
plufieurs chofes que l’expérience a démenties, & d’avoir
prétendu qu’on pouvoit juger du nombre des foetus contenus
dans la matrice, parle nombre des cicatrices ou follé-
cules vuides de l’ovaire, ce qui n’eft point vrai, comme
on le peut voir par les expériences de Verrheyen, tom. 2 ,
chap. 3 , édit, de Bruxelles 1 7 10 , par celles de M. Méry,
H ijl. de ïA ca d . 1 7 0 1 , St par quelques-unes des propres
expériences de Graaf, o ù , comme nous 1 avons remarqué
, il s’eft trouvé moins- d’oeufs dans la matrice que de
cicatrices fur les ovaires; d’ailleurs nous ferons voir que
ce qu’il dit fur la féparation des oeufs & fur la manière
dont ils defcendent dans la matrice, n’eft point exaét, que
même il n’eft point vrai que ces oeufs exiftent dans les
tefticules des femelles, qu’on ne les a jamais vûs, que ce
qu’on voit dans la matrice n’eft point un oeuf, & que rien
n’eft plus mal fondé que les fyftèmes qu’on a voulu établir
fur les obfervations de ce fameux Anatom fte.
Cette
D e s A n i m a u x .- 129
Cette prétendue découverte des oeufs dans les tefticules
des femelles attira l’attention de la plûpart des autres Ana-
tomiftes, ils ne trouvèrent cependant que des véhicules
dans les tefticules de toutes les femelles vivipares fur lef-
quelles ifs purent faire des obfervations, mais ils n héritèrent
pas à regarder ces véficules comme des oeufs; ils
donnèrent aux tefticules le nom d’ovaires, St aux véficules
qu’ils contiennent, le nom d’oeufs; ils dirent aulïï, comme
Graaf, que dans le même ovaire ces oeufs font de differentes
grofl'eurs, que les. plus gros dans les ovaires des
femmes ne font pas de la gróffeur d’un petit pois, qu ils
font très-petits dans les jeunes perfonnes de quatorze ou
quinze ans, mais que l’âge St l’ufàge des hommes les fait
groflir; qu’on en peut compter plus de vingt dans chaque
ovaire ; que ces oeufs font fécondez dans l’ovaire par la
partie fpiritueufe de la liqueur féminale du mâle, qu’en-
fuite ils fe détachent & tombent dans la matrice par les
trompes de Fallope, où le foetus eft formé de la fubftance
intérieure de l’oeuf, St le placenta delà matière extérieure ;
que la fubftance glanduleufe qui n’exifte dans l ’ovaire
qu’après une copulation féconde, ne fert qu’à comprimer
l’oeuf & à le faire fortir hors de l’ovaire, &c. Mais Mal-
pighi ayant examiné les chofes deplus près, me paraît avoir
fait à l’égard de ces Anatomiftes, ce qu’il avoit fait à l’egard
de Harvey au fujet du poulet dans l’oeuf : il a été beaucoup
plus loin qu’eux-, St quoiqu’il ait corrigé plufieurs
erreurs avant même qu’elles fuffent reçues, la plûpart des
Phyficiens n’ont pas laiffé d’adopter le fentiment de Graaf
Tome I L R