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yeux : chacune de ces qualités générales deviendra un
nouveau principe tout aufîï méchanique qu’aucun des autres,
& L’on ne donnera jamais l’explication, ni des uns,
ni des autres. La caufe de l’impulfion ou de tel autre
principe méchanique reçu, fera toujours aulïi impoffible
à trouver que celle de 1’attraCtion ou de telle autre qualité
générale qu’on pourrait découvrir; & dès-lors n’eft-il pas
très-raifonnable de dire que les principes méchaniques ne
font autre chofe que les effets généraux que l’expérience
nous a fait remarquer dans toute la matière, & que toutes
les fois qu’on découvrira, foit par des réflexions, foit par
des comparaifons, foit par des mefures ou des expériences,
un nouvel effet général, on aura un nouveau principe
méchanique qu’on pourra employer avec autant de fûreté
& d’avantage qu’aucun des autres.
L e défaut de la philofophie d’Ariflote étoit d ’employer
comme caufes tous les effets particuliers, celui de celle
de Defcartes eft de ne vouloir employer comme caufes
qu’un petit nombre d’effets généraux, en donnant l’exclu-
fion à tout le relie. Il me femble que la philofophie fans
défaut ferait celle où l’on n’employeroit pour caufes que
des effets généraux, mais où l’on chercherait en meme
temps à en augmenter le nombre, en tâchant de géné-
râlifer les effets particuliers.
J ’ai admis dans mon explication du développement &
de la reproduction, d’abord les principes méchaniqUes
reçus, enfuite celui de la force pénétrante de la pefanteur
qu’on eft obligé de recevoir, & par analogie j ’ai cru
pouvoir dire qu’il y avoit d’autres forces pénétrantes qui
s’exerçoient dans les corps organifèz, comme l’expérience
nous en afîlire. J ’ai prouve par des faits que la matière
tend à s’organifer, & qu’il exifle un nombre infini de parties
organiques, je n’ai donc fait que généralifer les obfer-
vations, fans avoir rien avancé de contraire aux principes
méchaniques, lorfqu’on entendra par ce mot ce que l’on
doit entendre en effet, c ’e ft-à -d ire , les effets généraux
de la Nature.
C H A P I T R E I V.
D e la O vénération des Animaux.
Comme l ’organifàtion de l ’homme & des animaux eft-
la plus parfaite & la plus compofée, leur reproduction
eflauffi la plus difficile & la moins abondante; car j’excepte
ici de la claffe des animaux ceux qui, comme les polypes
d’eau douce, les vers, &c. fe reproduifent de leurs parties
féparées, comme les arbres fe reproduifent de boutures,
ou les plantes parleurs racines divifées & par cayeux; j en
excepte encore les pucerons & les autres efpèces qu on
pourrait trouver, qui fe multiplient d ’eux-mêmes & fans
copulation : il me paraît que la reproduction des animaux
qu’on coupe, celle des pucerons, celle des arbres par les
boutures, celle des plantes par racines ou par cayeux, font
fuffifamment expliquées par ce que nous avons dit dans.le