& qu’il faut garder le plus foigneufeuient les filles ; cela
peut être vrai pour le climat où il vivoit, mais il paraît
que dans les pays plus froids le tempérament des femmes
ne commence à prendre de l ’ardeur que beaucoup plus
tard.
Lorfque la fureur utérine eft à un certain degré le mariage
ne la calme point, il y a des exemples de femmes
qui en font mortes. Heureufement la force de la Nature
caufe rarement toute feule ces funeftes paffions, lors même
que le tempérament y eft dilpofé; il faut, pour quelles'
arrivent à cette extrémité, le concours de plufieurs caufes
dont la principale eft une imagination allumée par le feu
des conversations licentieufes & des images obfcènes. L e
tempérament oppofé eft infiniment plus commun parmi
les femmes, la plûpart font naturellement froides ou tout
au moins fort tranquilles fur le phyfique de cette paffion;
il y a auïïi des hommes auxquels la chafteté ne coûte
rien, j’en ai connu qui jouiiïoient d’une bonne fanté, &
qui avoient atteint l’âge de vingt-cinq & trente ans , fans'
que la Nature leur eût fait fentir des befoins aflez preflans
pour les déterminer à les fatisfaire en aucune façon.
A u refte les excès font plus à craindre que la continence
, le nombre des hommes immodérez eft aflez grand
pour en donner des exemples ; les uns ont perdu la mé-^
moire, les autres ont été privez de la vû e, d’autres font
devenus chauves, d’autres ont péri d’épuifement; la fai-
gnée eft, comme l’on fçait, mortelle en pareil cas. Les
perfonnes fages ne peuvent trop avertir les jeunes gens du
tort
tort irréparable qu’ils font à leur fanté, combien n’y en
a-t-il pas qui ceflent d’être hommes, ou du moins qui
ceflent d’en avoir les facultés, avant l’âge de trente ans1
combien d’autres prennent à quinze & à dix-huit ans les
germes d’une maladie honteufe & fouvent incurable !
Nous avons dit que c ’étoit ordinairement à l ’âge de
puberté que le corps achevoit de prendre Ion accroifle-
ment: il arrive aflez fouvent dans la jeunefle que de longues
maladies font grandir beaucoup plus qu’on ne grandirait
fi l’on étoit en fanté, cela vient, à ce que je crois,
de ce que les organes extérieurs de la génération étant
fans aétion pendant tout le temps de la maladie, la nourriture
organique n’y arrive pas, parce qu’aucune irritation
ne l ’y détermine, & que ces organes étant dans un état
de foiblefle & de langueur, ne font que peu ou point
de fécrétion de liqueur féminale; dès-lors ces particules
organiques reliant dans la mafle du fang, doivent continuer
à développer les extrémités des os, à peu près comme
il arrive dans les eunuques; auffi voit-on très-fouvent
des jeunes gens après de longues maladies être beaucoup
plus grands , mais plus mal faits qu’ils n’étoient ; les uns
deviennent contrefaits des jambes, d’autres deviennent
bofllis, &c. parce que les extrémités encore duétiies de
leurs os fe font développées plus qu’il ne fàlloit par le
fuperflu des molécules organiques, qui dans un état de
fanté n’auroit été employé qu’à former la liqueur féminale.
L ’objet du mariage eft d ’avoir des enfàns, mais quelquefois
cet objet ne fe trouve pas rempli ; dans les différentes
Tome I L S f f