qui lui font propres, & diftinguer enfiiite les rapports qui
lui font communs avec les végétaux & les minéraux.
L ’animal n’a de commun avec le minéral que les qualités
de la matière prife généralement, fa fubftance a les
mêmes propriétés virtuelles, elle eft étendue, pelante ,
impénétrable comme tout le refte de la matière, mais fon
oeconomie eft toute différente. L e minéral n’eft qu’une
matière brute , inaélive , infenfible, n’agiffant que par la
contrainte des loix de la méchanique, n’obéiffant qu’à la
force généralement répandue dans l’Univers, fans orga-
nifàtion, fans puiffance, dénuée de toutes facultés, même
de celle de fe reproduire, fubffance informe, faite pour
être foulée aux pieds par les hommes & les animaux *
laquelle, malgré le nom de métal précieux, n’en eft pas
moins méprifée par le fage, & ne peut avoir qu’une valeur
arbitraire, toujours fubordonnée à la volonté & dépendante
de la convention des hommes. L ’animal réunit toutes les
puiffànces de la nature, les forces qui l ’animent lui font
propres & particulières, il veut, il agit, il fe détermine,
il opère, il communique par fes fens avec les objets les
plus éloignez, fon individu eft un centre où tout fe rapporte,
un point où l ’univers entier fe réfléchit, un monde
en raccourci : voilà les rapports qui lui font propres ; ceux
qui lui font communs avec les végétaux font les facultés
de croître, de fe développer, de fe reproduire & de fe
multiplier.
L a différence la plus apparente entre les animaux & les
végétaux paraît être cette faculté de fe mouvoir & de
changer de lieu, dont les animaux font douez, & qui n’eft
pas donnée aux végétaux : il eft vrai que nous ne connoif-
fons aucun végétal qui ait le mouvement progreffif, mais
nous voyons plufieurs efpèces d’animaux, comme les
huîtres, les galle-infeétes, &c. auxquelles ce mouvement
paraît avoir été refufé; cette différence n’eft donc pas
générale & néceffaire.
Une différence plus effentielle pourrait fe tirer de la
faculté de fentir qu’on ne peut guère refufer aux animaux,
& dont il femble que les végétaux foient privez; mais ce
mot fentir renferme un fi grand nombre d’idées qu’on ne
doit pas le prononcer avant que d’en avoir fait l ’analyfe;
car fi par fentir nous entendons feulement faire une aétion
de mouvement à l’occafion d’un choc ou d’une réfiftance,
nous trouverons que la plante appellée Senftive eft capable
de cette efpèce de fentiment, comme les animaux ;
fi au contraire on veut que fentir Lignifie apercevoir &
comparer des perceptions, nous ne fommes pas fürs que
les animaux aient cette efpèce de fentiment, & fi nous
accordons quelque chofe de fémblable aux chiens, aux
éléphans, &c. dont les aétions femblent avoir les mêmes
caufes que les nôtres, nous le refuferons à une infinité
d ’efpèces d’animaux, & fur-tout à ceux qui nousparoif-
fent être immobiles & fans aétion ; fi on vouloit que les
huîtres, par exemple, euffent du fentiment comme les
chiens, mais à un degré fort inférieur, pourquoi n’ac-
corderoit-on pas aux végétaux ce même fentiment dans
un degré encore au deffous 1 Cette différence entre les