4.98 H i s t o i r e Na t u r e l l e
qui dans les premières approches aura répandu beaucoup
de fang, en répandra encore après une abfence, quand
même le premier commerce auroit duré pendant plufieurs
mois & qu’il auroit été auffi intime & auffi fréquent qu’on
le peut fuppofer : tant que le corps prend de l’accroifTe-
ment l ’effiifion de fang peut fe répéter, pourvu qu’il y ait
une interruption de commerce allez, longue pour donner le
temps aux parties de fe réunir & de reprendre leur premier
état, & il eft arrivé plus d’une fois que des filles qui avoient
eu plus d ’une foifileffe, n’ont pas laiffé de donner enfuite à
leur mari cette preuve de leur virginité fans autre artifice
que celui d’avoir renoncé pendant quelque temps à leur
commerce illégitime. Quoique nos moeurs aient rendu les
femmes trop peu fincères fur cet article, il s’en eft trouvé
plus d’une, qui ont avoué les faits que je viens de rapporter,
il y en a dont la prétendue virginité s’eft renouvellée jufqu’à
quatre & même cinq fois, dans l’efpace de deux ou trois
ans : il faut cependant convenir que ce renouvellement
n’a qu’un temps, c ’eft ordinairement de quatorze à dix-
fep t.o u de quinze à dix-huit ans; dès que le corps a achevé
de prendre fon accroiflement, les chofes demeurent
dans l’état où elles font, & elles ne peuvent paraître différentes
qu’en employant des feçours étrangers & des artifices
dont nous nous difpenferons de parler.
Ces filles dont la virginité fe renouvelle, ne font pas en
auffi grand nombre que celles à qui la Nature a refufé
cette efpèce de faveur ; pour peu qu’il y ait de dérangement
dans la fanté , que l ’écoulement périodique fe
d e l ’ H o m m e . 499
montre mal & difficilement, que les parties foient trop
humides & que les fleurs blanches viennent à les relâcher,
il ne fe fait aucun rétréciflëment, aucun froncement, ces
parties prennent de l ’accroifTement, mais étant continuellement
humeélées, elles n’acquièrent pas aflez de fermeté
pour fe réunir, il ne fe forme ni caroncules, ni anneau, ni
plis, l’on ne trouve que peu d’obftacles aux premières
approches, & elles fe font fans aucune effufion de fang.
Rien n’eft donc plus chimérique que les préjugés des
hommes à cet égard, & rien de plus incertain que ces
prétendus fignes delà virginité du corps; une jeune per-
fonne aura commerce avec un homme avant l’âge de
puberté, & pour la première fois ,'cependant elle ne donnera
aucune marque de cette virginité ; enfuite la même
perfonne après quelque temps d’interruption, lorfqu’elle
fera arrivée à la puberté, ne manquera guère, fi elle fe
porte bien, d’avoir tous ces fignes & de répandre du fang
dans de nouvelles approches ; elle ne deviendra pucelle
qu’après avoir.perdu fa virginité, elle pourra même le
devenir plufieurs fois de fuite & aux mêmes conditions ;
une autre au contraire qui fera vierge en effet, ne fera pas
pucelle, ou du moins n’en aura pas la moindre apparence.
Les hommes devraient donc bien fe tranquillifer fur tout
ce la , au lieu de fe livrer, comme ils le font fouvent, à des
foupçons injuftes ou à de fauffes joies, félon qu’ils s’imaginent
avoir rencontré.
Si l’on vouloit avoir un ligne évident & infaillible de
virginité pour les filles, il faudroitle chercher parmi ces
R r r ij