
" Une choie remarquable encore, c’eft que îe
calibre des artères ne diminue point en raifon du
nombre & du volume des branches qu’elles four-
niffent. Ainiî l’aorte eft prefqu’au-fli volumineufe
au-devant des vertèbres des lombes qu’ au moment
de fon origine ; en forte que chaque artère eft
cylindrique, 6c qu’au lieu de confidérer leuren-
Jernble comme une fuite de cônes dont les bafes
font tournées vers le coeur 8c les fommets du côté
des organes, il faut en faire une férié de cylindres
lucceflivement ajoutés les uns aux autres, & toti-
jous décroiflâns. Quelques-unes pourtant ne font
point exactement v yündriques : les vertébrales ,
ies labiales, les émulgentes, les fpléniques s’élar-
giifent un peu dans leur trajet. Les carotides fe
renflent fubitement à l’endroit où elles fedivifent.
Troifième fait : la fomme des diamètres réunis
de tous les rameaux artériels l’emporte de beaucoup
fur le calibre de l’aorte, en forte' qu’on peut
confidérer les artères comme conftituant, dans
leur enfemble , un cône dont le fommet aboutit
au coe u r , 8c dont la bafe embraffe tout le refte du
corps.
Au niveau des articulations, comme ôn le voit
au jarret, par exemple, l ’intérieur des artères
offre des rides tranfverfales qui s’ effacent par l ’ex-
tenfion du membre.
Les dernières divifionsdes artères fe ramifient à
l ’infini, 8c forment des refeaux qui recouvrent
toutes les parties, 8c qui en produifent eux-mêmes
d’autres , dont la difpofïtion varie, 8c defauels
femblent provenir les veines 8c les organes de l’ex-
halàtion. Mais comment au jufte a lieu la continuité
des artères avecles veines? C ’eft ce que les recherches
les plus minutieufés n’ont encore pu nous
faire connoître d ’une manière certaine, quoique
l ’exiftence d’une communication entre ces deux
ordres de vaiffeaux ne puiffe être mile en doute.
Les artères font compofées de trois membranes
fuperpofées qu’on nomme tuniques. La plus intérieure
de ces membranes eft une continuation de
celle qui tapiflfe les cavités gauches du coeur ; elle
eft très-ténue , fine, tranfparente, abfolument dépourvue
défibrés, denfe, homogène, dépourvue
de porofités & d’intervalles fenfibles , fulceptible
de fe divifer en deux feuillets que Haller 8c Maf-
cagni ont regardés comme deux membranes dif-
tinéles 5 lifte & comme féreufe , elle fe rompt &
fe déchire avec beaucoup de facilité. A l’extérieur,
on trouve une autre tunique denfe 8c ferrée , qui
femble fe continuer avec le tiffu cellulaire environnant
, & qui eft formée de lames preffées les
unes contre les autres , & fufceptibles d’être réduites
en tiftu cellulaire par la macération. On
la nomme ordinairement Tunique celluleuse, quoi-
qu’ à véritablement parler, elle foit fibro-celluleufe.
Mais c'eft la tunique intermédiaire à ces deux-là
qui forme proprement les artères : elle eft denfe,
ferrée , épaiffe en raifon du calibre des troncs ,
jaunâtre 3 quelquefois grifâtre 3 compofée de fibres
très-diftindes, adhérentes les unes aux aut
très , faciles à féparer cependant, difpofées pj
couches concentriques, à' peu près circulaires
s’ unifiant intimement en dehors à la tunique cellil
leufe, mais ne tenantprefque point à la membunl
interne. Aucune de ces fibres ne fuit une dire&iol
longitudinale : elles font d’une nature tout-à-fo
particulière j il femble qu’elles foient attachées lg
unes aux autres par des filamens obliques ; mal
elles ne paroiffent point du tout mufculeufes |
aufli eft-ce à tort que beaucoup d’auteurs oi
nommé tunique mufculeufe cette membrane propre
des artères. Elles font dures, fragiles, peu extenl
fibles, très-élaftiques, non fiiamenteufes. Leurs
interftices ne font point remplis par un tiftu cellu.
laire. La putréfaction s’en empare très-difficile!
ment. L’attion du calorique les racornit prodigieu|
fement.
Ainfi compofé, le tiftu artériel e ft, en général,1!
d’ une couleur jaunâtre ou grifâtre j il devient roui
geâtre dans les artères d’un moyen calibre, 8
prefque rouge dans les petites, ce qui tient à l’él
paiffeur moindre des parois de c e lle s -c i,
permet à la couleur du fang de fe manifefteri
travers.
C e tiftu a une confiftance affez grande, mais qifl
varie dans les différentes artères. AbfolumeJ
parlant, les groffes artères ont des parois plu.1
fortes que les petites ; mais relativement à lêii
calibre, l’épaineur des parois augménte à mefuta
qu’on s’éloigne du coeur. On remarque aulfi qui
cétte épaiflfeur eft plus grande dans les artères de*
membres abdominaux que dans celles des membre^
thoraciques, dans la convexité que dans la eona :
vité des courbures; & c .
Le tiftu des artères , examiné chimiquement,.,
contient beaucoup de gélatine 8c 3 félon M. Béclar^
de là fibrine.
Les parois des artères reçoivent de petites artel
rioles qui forment à leur furface des refeaux très!
compliqués , 6c auxquelles fuccèdent des vénulâ|
moins apparentes , qui vont fe rendre dans ki|
troncs voifins. On n’y a point encore rencontré dl
vaiffeaux lymphatiques, fi ce n’eft fur les plu!
gros troncs. Leurs nerfs font aflez marqués,
émanent fpécialement du fyftème des ganglion!
& du 'pneumo-gaürique. Les .nerfs cérébraux ma
fournilfent guère des filets qu’aux artères des ménv|
bres ; tous ces filets font d’autant plus abonda*
que les artères font plus petites ; ils forment auj
tour de celles-ci des plexus remarquables pari!
[multiplicité de leurs anaftomofes.
Un tiflif cellulaire lâ che, abondant, lamellenl
les entoure , & eft bien manifeftement diltinét de|
la membrane externe avec laquelle Monro, Wall
ther 8c Mafcagni l’ont confondu. Celle-ci eft«!
effet comme aponévrotique ou névrilemmatiqul
dans les artères moyennes, 6c a des fibres obliqué ^
8c entrelacées très Gélifiantes. Le tiftu dont no^
parlons forme une efpèce de gaine foiblemem,;
: adhéreiii|
adhérente à cette membrane & n’ exifte point autour
des atr-res de l ’encéphale.
Depuis leur origine jufqu’ âu moment de leur
terminaifon , les artères offrent, dans leur trajet,
plufieurs particularités notables. Les gros troncs,
par exemple, occupent toujours les interftices les
plus confidérables des organes, tandis que les
branches fe portent dans des intervalles plus petits
, les rameaux entre le"- diverfes parties des
organes eux-mêmes, & les-ramufcules dans leur
tiftu, &c.
Il faut remarquer, de plus, que les artères font
en général fouftraices à l’a&ion des caufes extérieures
de léfion. L’épaifleur des parties qui les
recouvrent, leur fituation dans le fens de la
flexion des articulations, ou au côté interne des
membres, fuffifent pour ies mettre à l ’abri , au
moins !e plus ordinairement.
En général encore, ces vaiffeaux font droits dans
leur trajet, & n’ offrent de flexuofités que dans les
parties dont le volume eft fujet à varier, ou dont
la mobilité eft très-grande, telles que l’iris , l’ef-
tomac, les lèvres, l’utérus , les inteftins, &c.
Quelques artères aufli, comme les vertébrales 8c
les carotides internes, préfentent des angles très-
marqués, qui paroiflent ^avoir pour deftination de
retarder le cours du fang, malgré l’opinion entièrement
contraire de Bâchât.
Prefque oonftamment, les artères fo n t , dans
leur trajet, accompagnées par des veines; 8c ce
n’eft que dans quelques parties feulement que
ces deux ordres de vaiffeaux font féparés. C ’eft
ce qui arrive fpécialement à l’extérieur du crâne.
Enfin, à leurs dernières extrémités, les artères
offrent des formes variées, fuivant les parties
où on les examine : elles conftituent des arborisations
dans certains endroits; des irradiations
dans d’autres; ailleurs, des houppes, des étoile
s , &c. ; mais on ignore entièrement la nature
<lu procédé par lequel ces extrémités laiffent
échapper les matériaux des fècrétions, des exhalations,
de la nutrition, 6c quelquefois même le
fahg.
Les artères ont manifeftement pour ufage de
tranfmettre le fang du ventricule gauche du coeur
à toutes les parties du corps. Elles ont une aétion
propre qui eft un compofé de leur force d’élafti-
ciîté de de leur force de contractilité, & qui s’exerce
durant la circulation. Voyeq C ircula t ion .
^jsChez l’embryon, la-formation des artères pa-
rqît précéder celle du coeur.
.J U u r tiftu varie de nature aux diverfes époques
de la vie. Très-mou dans le premier â g e , il
acquiert une grande confiftance chez les adultes ,
iljdevient fec & , pour ainfi dire, caftant chez le
vieillard, & il eft fujet à de fréquentes offifica-
tibns dans les perfonnes décrépites, chez lef-
qùelles d’ailleurs le nombre des artères éprouve
une diminution réelle, par l’oblitération fponta-
née de beaucoup de petits rameaux. ?
K- Syfi. Anat. Tome 1 .
ARTERIE L, e l l e , ad j., arteriofusy qui eft relatif
aux artères, qui appartient aux artères. Cette
épithète trouve fon application dans un aflez
grand nombre de cas. Ainfi :
Le C anal a r t é r ie l eft une portion de l’artère
pulmonaire qui s'abouche dans l’aorte chez le
foetus. Voye{ C anal a r t é r ie l .
Le L ig am en t a r t é r ie l eft ce même canal
oblitéré chez l’adulte.
Le Sang a r t é r ie l eft le fang rouge contenu
en grande partie dans les artères.
Le S ystème a r t é r ie l eft l’ enfemble des artères
prifes depuis leur origine au coeur jufqu’à
leur terminaifon.
Les V eines artérielles font les veines pulmonaires.
Vroye[ P ulmonaire.
ARTERIEUX, EUS g , ad j., arteriofus y qui a
rapport aux artères. C e mot n’eft guère employé
actuellement que dans.un feul ca s , c'eft lorfqu’ on
défi gne l’artère pulmonaire fous le nom de veine
artérieufe. Voye^ P ulmonaire.
ARTÉRIOGRAPHIE,f. £, arteriographiaj def-
cription des artères. Ce mot dérive du grec «p
( artère) , 8c yp*<pe?v (décrire).
ARTÉRIOLE, f. f . , arteriola y diminutif d’artère
, petite artère.
ARTERIOLOG1E , f. f. , arteriologia y partie
de 1 anatomie qui traite des artères. C e mot vient
encore du grec ctfltjptu (a r tè r e ) , & aoyos (dif-
coursfur).
ARTÉRÎO-PITUITEUX. Ruyfch a donné le
nom de vaiffeaux artério-pituiteux, à des vaiffeaux
qui , félon luî, rampent fur les parois des foffes
nafales dans le fens de leur longueur.
ARTHRODIE , f. f . , arthrodia des Latins ,
des G re c s , dérivé de «pfyo» ( articulation
) . Les ahatomiftes, à l’exemple de Galien,
donnent ce nom a une articulation formée par des
furfaces planes ou prefque planes, & .d on t les
mouvetnens font très-manîfeftes, comme à IW o .
tio(i tehiporq-maxillaire y ou obfcurs, comme ceux
qui ont lieu entre les oj du tarfe & du carpe.
Quelques auteurs ont donné à ce mode d’articulation
le nom de planiforme. /Soyez A r ti-
ClJLATIONr
AR THROSE , f. f . , anhrofis, Synonyme,
peu employé, d’ articulation. [Soy. ce mot>
AR T IC LE , f. m , articulas. C e mot, qui eft
egalement peu ufité aâuellement, exprime dans
L