
ou un mucilage. Telles font les eaux diftillées de
bourrache , de laitue, de plantain, &c.
2e. G enre. Odeurs huileufes fugaces.
Elles font infolubles dans l'eau > mais les huiles
fixes s‘en peuvent charger. C’eft à ce genre que
fe rapportent les odeurs de la tubéreufe, du
jafmin, de la jonquille, du réféda, &c.
3*. Genre. Odeurs huileuses volatiles.
On les rencontre très-communément : elles fe
diftôlvent dans l'eau froide, & furtout dans l’eau
chaude, mais principalement dans l’alkohol, qui
les enlève à l’eau. Toutes les labiées donnent des
odeurs de ce genre : tels font le romarin, la
lavande, le thym, &c.
4e. Genre. Odeurs aromatiques & acides.
Elles rougiffent les couleurs bleues végétales x
8: fouvent renferment de l’acide benzoïque. L’odeur
de la vanille, du baume de Tolu, de la cannelle
, du benjoinj du iVorax, & c ., eft dans ce
cas. ^
5e. Genre. Odeurs hydro-fulfureufes.
Elles précipitent en brun ou en noir les folu-
tions métalliques ; elles font fétides. Le raifort, le
cochléaria, le crefïon & toutes les crucifères ont
ce genre d’odeur.
De Haller a cherché à daller les odeurs d'après
la fenfation plus ou moins agréable > ou plus
ou moins ééiagréable qu’elles produifent} mais
nous avons tous les jours l’occafion de vérifier
qu’ une odeur qui plaît à l’un déplaît beaucoup à
l’autre. Ne favons-nous pas que les Anciens em-
pioyoient i'ajfa foeùda comme aflaifonnement, &
que nous nommons fierais diahpli cette gomme-
réfine que les Aliatiques appellent le manger des
dieux ? L’odeur de l’huile de baleine eft recherchée
des habitans du Groenland, qui la béivent,
fuivant l’exprelîion de Haller, avec le même
plaifir que les perfonnes riches de nos contrées
boivent le vin le plus délicieux. Les Siamois
aiment les oeufs couvés. Phil. Salmuth cite l'exemple
d'une jeune fille qui trouvoit le plus grand
plaifir à refpirer l’odeur des vieux livres. Un ju-
rifconfulte retiroit de celle du fumier une fenfation
délicieufè} & une autre perfonne recher-
choit ardemment celle du bouc. 11 ne feroit
pas difficile de raflembler de pareils exemples en
grande quantité î mais un des plus remarquables
éift celui dhine dame dont parle Sam. Ledel, &
qui ne pouvoit fupporter, fans tomber en lyncope,
l'odeur des rofes rouges, tandis qu’elle mêloit
fouvent dans fa coiffure des rofes blanches. Le
médecin lçgifte Paul Zacchias ne pouvoit pas non
plus fouffrir l’odeur des rofes blanches. On rapporte
auffiqu’un de nos plus célèbres monarques,
Louis XIV, n’aimoit point les odeurs agréables.
Quelques auteurs ont prétende claffer les odeurs
en animales, en végétales & èn minérales j mais
il n’eft guère poflible de partir d'un plus mauvais
principe. On retrouve des odeurs analogues dans
les trois règnes de la Nature. Le mufe eft le pro.
duit d’un animal de la famille des ruminansj f0j
odeur fe trouve très-répandue parmi les animaux-
la civette, la chair du crocodile du buffle en
font imprégnées, comme celle du rat mufqué,
Ç’eft une lemblable raifon qui nous empêche il
manger les huppes ( Upupa epops ). Le fumier
furtout au commencement de l’hiver, les excré-
mens & les oeufs de crocodiles, ainfi que deux
glandes qu’ils ont auprès de l’anus & au-deffous
de la mâchoire, font dans le même cas; quelquefois
même la fueur de l’homme eft mufquée, &
de Haller l’a obfervé fur liii-même. La liqueur
noire des poulpes, Y Ichneumon mofehator, la Ti-
pula mofchifera3 le Necrophorus vefpillo, &
fragrans de Fabricius, préfentent aufli l’odeur du
mufe. Mais il s’en faut pourtant de beaucoup que
cette odeur foit propre aux animaux feuls; on
feroit une lifte nombre uTe des. végétaux auxquels
elle a donné fon nom (i) : on la rencontre dans
toute la plante de YErpdium mofehatum, dans les
gi aines de l’Ambrette, dans les fleurs du Monotropn
hypopitis , de la ' Rofa mojehata, de YAdoxa mof\
chatellinay dans je fruit de quelques variétés di|
Cucumis meio, du P y ru s fativa. Monçonys le voya-l
geur dit avoir obfervé, ën 1664, chez le chanoinj}
[ Setella, à Milan, un bois nouvellement apporté
■ de 1 Inde, & qui avoit l’çdeur de la civette & du;
mule.
Mais ce qui eft bien plus remarquable encore,
ç’eft qu'on trouve des fubftançes minérales qui feg
tectlemuîc : quelques préparations d’or font, dit-
on, dansce cas. 11 eft des terres douées.d’un parfum
fuave, qui s’en rapproche aufli plus ou moins, &
qui peut fe conferver même lorsqu'elles fontj
cuites, comme le prouvent certaines théières dit
Japon 5c de la Chine. Olaiis Borrichjus dit avoifj
vu des vafes de terre naturellement odoriférant,
dans le palais du cardinal des Urfins, à Rome.
L’odeur de l’ail fe trouve à la fois & dansli
gomme-réfine connue fous le nom <¥ajfafaùè, 5f datis l’arfenic fournis à l’aétion du calorique, &
dans les exhalaifons d'un certain crapaud
pluvialis). Celle de la rofe eft produite d’unema*
nière très-manifefte par le corps du Ctrambd
mofehatus, de la Cicindela cnmpefiris,3 & déplu*
lieurs autres infedtes qui habitent les fables. Celle
de la punaife, qui nous, eft rendue fi odieufe pal
les tourmens que nouscaufe Y Acanih\a lectuknh
èxifte dans les feuilles froifiees du. Ççriandrujnfi’-
tivum. Le PJoraiep bituminofa , qui çouv.re lf|
montagnes calcaires du Languedoc, rappelle1
ceux qui le fentent, l’odeur de l’afpfialte dP
( 1 ) Erodium mofehatum , Malva. mofehata , Rofi. M'
chata, Hibifcus abelmofchus., Adoxa mofchatellins » "P
cinthus mufeari, AUium mofehatum, Narçijfus mofàiWSy
Ceruaurea mofehata , Myrijhca mofehata , &c. jj‘
Cell® du Chcnopodium vulvuria a un rapport
L '.connu avec une odeur animale particulière.
ÏJn petit infefte de la famille des melljtes (D u -
Uni) & que i>ai trouv® plufieurs fois dans la
France méridionale, a l’odeur du citron. Celle des
nommes de reinette eft: exhalée par une punaife,
par l’alkohol nitrique, par une efpèce de Pclargof
L'odeur de violette , dont le type eft fourni
par les fleurs de la Piola odorata, qui fe retrouve
dans les feuilles d’une efpèce de thé, dans les
peines de Y Iris fiorentina, dans toute la plante du
tyjjus jolithus, &*c., exifte aufli dans le Salmo
mrlanus, petit poiflbn qu'on pêche versl’embou-
lure de la Seine , dans les inteftins d’un autre
poiffon nommé Scarus par Rondelet, dans l urine
des perfonnes qui ont été expofées pendant quelque
temps à la vapeur de j ’huile eflentielle de
térébenthine. C’eft encore ainfi qu’à Aldeberg on
trouve une pierre rouge ou grife qui répand uné
fadeur de violette ; &il n’eft perfonne qui ne fâche
|ue le muriate de foude (hydrochlorate de deu-
toxyde de fodium) nouvellement tiré de la mer,
produit une fenfation analogue.. Enfin, l’odeur du
fperme humain eft extrêmement marquée dans les
fleurs du Berberis vulgaris & du Cafianea vulgaris,*
celle des matières ftercorales caraétérife le^ bois
de [Anagyris fæùda, & celle du bouc eft inhérente
aux fleurs du Satyrium hircinum ( Orchis
Iïirci*a)3 de YHypericum hircinum , & du Gnapha-
liant foetidum.
j Les effets que les odeurs produifent dans l'économie
animale font extrêmement nombreux : tantôt
elles excitent l’éternuement ou les larmes;
[tantôt elles produifent la joie & la gaîté ; quelquefois
elles déterminent le fommëil; quelquefois
Elles maintiennent & prolongent l’état de veille
pur aétion fur le fyftème nerveux fe manifefte
Uinfi par plufieurs autres effets que par celui de la
Benfation; & c’eft ici le cas d’obferver que beau-
[coup de fubftançes qui produifent des phéno-
[mènes marqués dans l’économie, perdent cette
[propriété avec leur odeur : telles font les fleurs
[d’oranger, de tilleul, de la plupart des labiées,
pmufe, &c. Quand la torréfaction a enlevé à la
[rhubarbe fon odeur nauféeufe., fa propriété purgative
n’exifte plus.
I J’ai dit qu’il étoit des odeurs qui caufent le
[fommeil, & de ce genre font celles de l’opium,
ide beaucoup de folanum , de la jufquiame, du
iflramonium, des fleurs de pavot, &c. Tout le
ponde a éprouvé qu’en fe repofant à l’ombre
[d’un noyer ou d’un fureau, on eft prefqùe tout
[de fuite faifi d’un doux fommeil, ou même d’une
[céphalalgie intenfe. Pendant les fortes chaleurs,
Ba bétoine ( Betonica ojficinalis ') répand des ema-
pations vives qui agiflent fur les individus ner-
Iveux. On dit même que les perfonnes occupées
p en arracher deviennent ivres & chancelantes,
[comme après un excès de vin. D’autres odeurs
Syfi, Anat. Tome 1.
produifent des effets purgatifs. Boyie dit qu un de
Tes amis ayant fait piler de l’ellébore noir, tous
ceux qui étoient dans la chambre furent purges,
Sennert allure la même chofe par rapport à la
coloquinte. Smetius rapporte que plufieurs perfonnes
ont été purgées par la feule odeur de la
boutique d’un apothicaire, & Salmuth dit que le
même effet eut lieu chez une dame qui avoit fait
prendre à. fa fervante des pilules qui lui avoient
été deftinées à elle-même. Idem etiam me vidente?
dit Schneïder, & fatis admirante Dejfie cpntigtt
nobili virgini Anna Riderions,. Dîim eni-m h&ç ad
fororis ex poculo purgaüte bibentis leclum pràpius
accedens atque adflans odorem medicamentiperciperet,
fufficienter inde purgabatur , & felicius quidem ipfâ
forore, qus medicamenium hauferat. ^
Les odeurs produifent quelquefois des effets
beaucoup plus dangereux.. Ainfi la racine d’elle-
bore blanc caufe à ceux qui l’arrachent fans précaution
de violens vomilfemens. 11 en eft de meme
de l’odeur qui émane des cadavres d’animaux en
putréfaction. Arétée de Cappadoce allure que
les odeurs fortes peuvent caufer des accès d’épi-
lepfie. Les fleurs de Nerium renfermées dans une
chambre ont pu donner la mort à ceux qui ont
; eu l’imprudence de s’y endormir. Celles de la
Malva mofehata procurent des accès d’hyftérie
aux femmes qui y font difpofées. Dans la Crète,
l’ odeur de Y^tagris produit la céphalalgie ; & à
Surinam, l’atmofphère infedtée du Mancenilier
fuffït pour tuer les hommes. Il faut même fe défier
des odeurs agréables ; fouvent elles ont quelque
chofe de fétide qui peut les rendre nuifibles, Sc
l’hiftoire rapporte que l’empereur Henri IV, & un
prince de Savoie, furent empoifonnés à l’aide de
gants parfumés. Suivant Matthioli, une fleur qu’on
avoit empoifonnéé, a produit la mort la plus
prompte chez une perfonne qui la flaira. Le pape
Clément VII fut tué par les vapeurs qui s'exhalèrent
d'une'torche qu'on portoit devant lui. On a
vu des perfonnes être afphyxiées par l’odeur du
fafran; & dans les pays où on en récolte en
abondance, fouvent les animaux qui font chargés
de le transporter tombent engourdis. Kalm &
Tyfon nous ont lailfé des détails fur les terribles
effets de l’odeur des ferpens à fonnettes, laquelle
a fait regarder ces reptiles comme des enchanteurs.
Boerhaave avoit coutume de raconter dans
fes leçons, qu’en renfermant des crapauds & des
vipères dans une caifife de tambour pendant qu’on
ffappoit defifus, on les îrritoit'tellement, qu’ils
exhaloient une odeur mortelle. On a vu les vapeurs
de l’arfenic, refpirées par le nez, caufer
aulfila mort, & c’eft ainfi, dit-on, que le célèbre
Dippel termina fa vie. Nathanaël Hyghmor dit
avoir connu un homme de plus de foixante ans
auquel la plus légère odeur de mufe ou d’ambre
donnoit un violent mal de tête , qui n’étoit guéri 1 que par une épiftaxis. Dominic. Panaroli rapporte
j l’hiftoire d’une religieufe qui ne pouvoit fupporter